Mardi prochain à partir de 10 heures et jusqu’au 12 avril, le sort de Narumi Kurosaki, alors âgé de 21 ans et dont le corps n’a jamais été retrouvé, focalisera le procès, couvert par une quarantaine médiatique et dont les audiences se tiendront totalement simultanément traduites en espagnol. et japonais.
Lors de la première séance, la principale tentative sera de déterminer la personnalité du suspect. Des témoins comparaîtront mercredi et, selon le tribunal, Zepeda sera interrogé pour la première fois sur les faits factuels jeudi.
Zepeda, 31 ans, qui nie avoir tué Kurosaki, risque la prison à vie. Il a été extradé du Chili vers la France en 2020.
« Comme un château de cartes »
« Il n’y a aucune preuve de la mort, ni du lieu ni des modalités précises, ni un scénario clair de ce qui s’est passé […] Ce dossier est un peu un château de cartes », a déclaré la défense de Zepeda.
Le jeune Chilien est détenu à Besanzón depuis l’été 2020, à l’isolement en raison de la médiatisation de l’affaire. Et il est défendu par Jacqueline Laffont, l’avocate de l’ancien président français Nicolas Sarkozy.
Nicolás Zepeda confirme avoir passé la nuit du 4 au 5 décembre et aussi du 5 décembre avec son ex-petite amie. Il l’aurait laissée en bonne santé vers 4 h 30 le 6, après quoi il aurait poursuivi le voyage à travers l’Europe qu’il avait l’intention de faire.
« Ni sa relation, ni sa carrière, ni sa personnalité n’offrent d’élément pouvant expliquer ou annoncer qu’il a agi de cette manière », a souligné la défense.
Allumettes, liquide inflammable, réseaux sociaux et un témoignage troublant
L’accusation, en revanche, propose une version différente : Zepeda n’aurait pas supporté que Kurosaki ait rompu leur relation, l’automne précédent, et s’est donc volontairement rendu à Besançon, où la jeune femme étudiait le français, pour la voir par surprendre.
Le Chilien l’aurait étouffée dans sa chambre sur le campus universitaire puis aurait déposé le corps dans une forêt du Jura, dans la même région. Par la suite, Zepeda aurait envoyé plusieurs messages aux proches de Narumi Kurosaki via les réseaux sociaux, se faisant passer pour sa victime, afin de gagner du temps avant de retourner au Chili.
Les parties civiles – la famille de Narumi Kurosaki et son petit ami au moment de sa disparition, Arthur del Piccolo – s’attendent à ce que Zepeda « propose différents scénarios » [distintos] dont il l’accuse ».
« Nous n’avons absolument aucun doute sur l’implication de Zepeda, car de nombreux éléments du dossier démontrent cette implication », a déclaré Randall Schwerdorffer, l’avocat de Del Piccolo.
Parmi ces éléments figurent les données de téléphonie mobile, la géolocalisation du véhicule que Zepeda a loué lors de son séjour en France ; plusieurs achats effectués avec une carte de crédit, comme une paire d’allumettes et un bidon de liquide inflammable, ou encore le témoignage troublant d’un cousin qu’il a visité en Espagne avant de retourner au Chili.
Malgré les « cris de terreur », personne n’a prévenu la police
Dans la nuit du 4 au 5 décembre, des étudiants séjournant dans la même résidence universitaire où vivait Kurosaki ont entendu des « cris terrifiants », des « cris féminins stridents » comme « dans un film d’horreur », comme s’ils « tuaient quelqu’un ». Mais aucun d’entre eux n’a prévenu la police.
De plus, les messages envoyés par Zepeda aux proches de Kurosaki auraient été trompeurs, selon l’allégation, retardant encore la notification de la disparition aux autorités, qui n’a eu lieu que le 13 décembre.
Fiers de leur fille et de ses brillantes études, les parents de Narumi, divorcés et aux revenus modestes, espèrent surtout que Zepeda avouera.
« Ils aimeraient retourner avec le corps de leur fille » au Japon pour pouvoir avoir des funérailles et éventuellement faire leur deuil, explique Sylvie Galley, son avocate. La mère de Narumi Kurosaki et l’une de ses sœurs sont venues du Japon pour le procès.
RML (AFP, France24)
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