Conflit de deux mondes LE QUOTIDIEN

Les gens ne convergent plus, mais divergent. Quiconque avait le moindre doute aurait dû être convaincu après les événements catastrophiques de la période écoulée, avec les derniers résultats du premier tour des élections présidentielles françaises. A notre époque, rien n’est acquis. Au contraire, ce que nous pensions il y a quelques années ne se réaliserait pas du tout.

L’effondrement du système politique traditionnel et des idéologies qu’il défendait a commencé à consolider dans les sociétés occidentales une situation extrêmement complexe et clairement imprévisible, difficile à contrôler et encore plus difficile à gérer. Combinée à la diffusion rapide de la technologie et aux bouleversements qu’elle provoque à tous les niveaux, elle exacerbe les inégalités et crée des écarts encore plus grands au sein des sociétés.

A côté des bénéficiaires du développement technologique, qui occupent les nouveaux emplois aux normes et aux salaires élevés, se trouvent ceux qui se sentent exclus ; ceux qui perdent les emplois les moins demandés, qui sont supprimés ou deviennent superflus. La situation se complique et explose, avec des crises successives de pandémie, d’immigration et maintenant de justesse.

Les populations qui se sentent marginalisées et confrontées au spectre de la pauvreté ont désespérément besoin de solutions et sont vulnérables à toutes sortes de promesses d’un avenir meilleur. Ce n’est certainement pas un hasard si, au premier tour, Le Pen était plus nombreux que les électeurs d’âge productif, principalement issus des zones rurales et périphériques, tandis que le pouvoir de Macron se situait dans les grands centres urbains et parmi les retraités.

Ces deux mondes différents vont se heurter et juger du résultat final. D’un côté, la France bourgeoise, qui comprend qu’elle doit changer pour répondre aux profonds défis technologiques et économiques de l’époque. La France périphérique, quant à elle, est méfiante, voire phobique, vis-à-vis de l’innovation, peine à faire face et s’inquiète de l’immigration. De plus, elle est indignée par Macron, car elle estime que son comportement incarne l’arrogance des privilégiés et l’indifférence du citoyen ordinaire.

Si les déçus sortent vainqueurs de ce conflit, Lepen gagnera aussi. À moins que les électeurs bourgeois, les modérés et les silencieux qui détestent les aventures désagréables, n’offrent à nouveau à Macron une bouée de sauvetage. Cependant, la question est de savoir combien de temps accepteront-ils de jouer le rôle de réserve précieuse alors qu’aucune solution n’est apportée à des problèmes réels et bouillants.

Madeline Favre

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