« Le Brésil a fait un saut dangereux dans l’abîme », déclare Milton Hatoum à Paris – 07/06/2022

Milton Hatoum est l’un des écrivains brésiliens les plus en vue en France. La quasi-totalité de ses livres ont été publiés en français et le dernier, « The Night of Waiting », le premier de la trilogie « The Darkest Place », est arrivé en librairie fin 2021. Milton Hatoum est venu en France à l’invitation du Festival international de littérature de Lyon pour parler de sa littérature et du Brésil.

Milton Hatoum est l’un des écrivains brésiliens les plus en vue en France. La quasi-totalité de ses livres ont été publiés en français et le dernier, « The Night of Waiting », le premier de la trilogie « The Darkest Place », est arrivé en librairie fin 2021. Milton Hatoum est venu en France à l’invitation du Festival international de littérature de Lyon pour parler de sa littérature et du Brésil.

« La nuit d’attente »en français « La nuit de l’attente », s’est retrouvé dans les librairies françaises via Editora Actes Sud, avec une traduction de Michel Riaudel. Le roman éducatif commence à Paris à la fin des années 1970. Il est raconté par un jeune de São Paulo qui s’est exilé en France et raconte l’enfance d’un groupe d’étudiants, principalement à Brasilia, pendant les années de la dictature militaire en Brésil. Le deuxième volet de la trilogie, « Pontos de Fuga », est déjà sorti en portugais, mais aucune date n’a encore été fixée pour le montage en français.

Au Festival international de littérature de Lyon, Milton Hatoum a participé à plusieurs tables rondes à Lyon, ainsi que dans plusieurs villes du sud-est de la France, sur l’histoire et la mémoire, éléments fondamentaux de son œuvre littéraire. Il a constaté que de nombreux lecteurs français avaient déjà lu « A Noite da Espera », qu’ils sont au courant de ce qui se passe au Brésil et se sont posé des questions sur la situation brésilienne.

« Ils m’ont beaucoup demandé si j’avais écrit ‘A Noite da Espera’, en pensant à ce règne là-bas, à cette résonance. J’ai dit que je n’avais aucune idée de ce qui allait se passer quand j’ai commencé à écrire la trilogie », explique-t-il. Le natif d’Amazonie, qui vit maintenant à São Paulo, a passé son enfance à Brasilia et a vécu en France en tant que narrateur du roman, souligne qu’il lui a fallu des années pour écrire la trilogie. L’histoire parle d’une génération qui a grandi sous la dictature et moi « en 2007-2008, quand j’ai commencé à écrire la trilogie, je ne pouvais pas imaginer que l’extrême droite prendrait le pouvoir au Brésil ».

« Des centaines de pages de cauchemars »

« J’avais en moi des centaines et des centaines de pages de cauchemars de la dictature, et ce cauchemar qui appartient à ma génération était latent », raconte l’auteur, qui vient de terminer le troisième tome de « The Darkest Place », qui devrait être lancé en Brésil au début de l’année prochaine.

« Quand on pense que ça va bien au Brésil, il y a un saut soudain, une sorte de saut en arrière, un saut dangereux dans l’abîme. C’est ce qui se passe au Brésil », illustre-t-il. Mais il ne pense pas que l’histoire se répète. « L’extrême droite, le fascisme, l’autoritarisme, sont toujours prêts, désireux de prendre le pouvoir par une forme de manipulation », dit-il. La nouveauté, dit-il, est la fausse nouvelle, qui « a aidé le gouvernement actuel à se faire élire. Une stratégie qui, je pense, ne se répétera pas, qui ne fonctionnera pas en octobre maintenant ».

Contrairement à ses premiers romans, « Relato de um certo Oriente », « Dois Irmãos », « Cinzas do Norte » et « Orfãos do Eldorado », centrés à Manaus, « A Noite da Espera » a une « structure fragmentaire » et se déroule entre Paris , Brasilia et São Paulo. L’histoire commence dans la capitale française, où le narrateur Martim repense aux années difficiles de la dictature et à la disparition de sa mère, qui mène l’histoire.

Paris, lieu de mémoire

Pour Milton Hatoum, Paris est « un lieu de mémoire, d’exil », mais aussi un lieu de bonheur. « A Paris, je pense, j’ai passé l’un des moments les plus heureux de ma vie, malgré l’incertitude. Ici, je me suis libérée de beaucoup de choses. L’éloignement du Brésil était important pour écrire. J’ai écrit une partie de mon premier roman à Paris. C’était ici que j’ai vraiment connu la liberté totale, car ma génération a vécu toute son enfance et une partie de sa vie d’adulte sous la dictature », raconte-t-il.

L’auteur compare l’oppression de l’époque pour ceux qui voulaient écrire avec la situation actuelle. « Ce gouvernement, qui persécute-t-il ? Il persécute tout le monde parce qu’il est antidémocratique, mais surtout les artistes et le système éducatif. Pour l’auteur, l’actuel président est « un dictateur déguisé ». Milton Hatoum dit qu’il n’idéalise rien, mais souligne que la France est « un pays avec une culture démocratique très forte et profondément enracinée ».

Au Festival international de littérature de Lyon, il s’est également exprimé sur ce rapport à la France, à la culture et à la littérature françaises, qui ont influencé son travail. « La littérature française a été très importante pour ma formation et je voulais écrire un roman sur la formation d’un groupe de jeunes diplômés sous un régime militaire et qui pourtant n’abandonnent pas leur formation, intellectuellement, politiquement, artistiquement, affectivement. , le l’oeuvre de Flaubert et surtout « Educação Sentimental » est centrale. »

Godard Fabien

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