Un demi-siècle de Le Pen

Il y a exactement un demi-siècle, en 1972, un groupe néo-fasciste, le Front national, pariait sur Jean-Marie Le Pen, espérant que le parachutiste de la Légion étrangère fédérerait les chauvins de France. Trente ans se sont écoulés avant que Lepen, qui a débuté sa carrière « politique » à la tête d’un syndicat étudiant toulousain spécialisé dans les attentats à gauche, n’excite l’extrême droite et effraie les démocrates : il se présente au second tour de l’élection présidentielle de 2002.

La campagne impromptue contre un critique, qui a même nié l’Holocauste, a choisi le président français Jacques Chirac, avec un pourcentage dont il n’aurait jamais pu rêver : 82,21 %. Néanmoins, le « fantôme de Le Pen » s’était désormais installé dans le ciel politique de la France. Des marges aux marges de la présidence.

Aux élections de 2017, au second tour, l' »extra-systémique » Emanuel Macron et l' »anti-systémique » Marin Le Pen, fille et successeur de Jean Marie, se sont affrontés. Là encore, les réflexes démocratiques ont offert la solution, émotionnellement plutôt que politiquement, en élisant Macron à la présidence, à 66,10 %. Cependant, Lepen a réussi à doubler le pourcentage paternel à partir de 2002 : de 17,79 % à 33,90 %. L’opération « diabolisation du lépisme » a commencé à porter ses fruits. Depuis lors, Lepen a intensifié ses efforts d’aménagement paysager, changeant même le nom de son parti de Front National en Rassemblement National, dont elle avait déjà expulsé son père. Mais surtout, il distinguait sa rhétorique et son image publique. Elle a « oublié » son ami (et ami d’extrême droite) Vladimir Poutine, l’anti-européisme tranchant, la passion anti-immigration, et arborait un « visage humain ». Dans le monde de l’apparence, le selfie avec une femme musulmane portant un foulard compense une partie des pertes causées par les déclarations ouvertement racistes et xénophobes. Et que ce soit une caractéristique fondamentale et durable du lepénisme, malgré les conneries recommandées par les communicateurs.

Macron devrait être réélu le 24 avril. Mais pas en tant que personne qui a réussi ou en tant que visionnaire, mais grâce aux voix des citoyens dont les politiques ne les incluent pas mais les répudient. C’est-à-dire grâce – encore une fois – à des réflexes démocratiques. Pourtant, d’urne en urne, ils montrent des signes de fatigue.

Godard Fabien

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