France/Élections : les Français tiraillés entre « fatigue politique » et devoir voter

Devant le panneau annonçant, au centre de la gare Montparnasse, au sud de Paris, les trains partant vers toutes les latitudes de France, Marie-Claude, 75 ans, attend le numéro du quai du départ du train pour Rennes à 13h56 (12h56 de Lisbonne).

Elle vient d’avoir une ‘urgence familiale’ et se rend chez sa fille, qui l’empêche de voter ce dimanche : ‘Si je pouvais, bien sûr que je voterais, c’est un devoir. Je n’aime pas ne pas voter, et je n’aime pas non plus voter blanc. Pour moi, c’est un manque d’éducation, c’est un manque de respect », a déclaré l’enfant de sept ans à Lusa.

Soutenu par une valise, Sébastien, 39 ans, part aussi pour « raisons personnelles » à Pau, dans le sud-ouest du pays. Cependant, il a donné une procuration à la femme pour qu’elle vote pour lui dimanche prochain.

« J’habite à Paris et je dois me déplacer à Pau. Cela m’empêche d’aller aux urnes dimanche – j’y suis allé au premier tour – mais j’ai délégué mon vote à ma femme, et elle votera pour moi », raconte-t-il à Lusa.

En France, contrairement au Portugal, le vote par procuration est prévu pour toutes les élections, sans qu’il soit nécessaire de justifier.

Pourtant, entre les sifflets des trains qui partent et les embrassades à ceux qui arrivent ici, les élections législatives semblent avoir été en retrait pour certains. Léo, 27 ans, est musicien et part aujourd’hui pour Chartres, où il entamera une tournée.

« Je ne peux pas voter ce dimanche. Je m’intéresse même à la politique, mais je passe toujours d’un côté à l’autre : j’ai voté à l’élection présidentielle, j’ai voté au premier tour de cette élection législative, mais là, je ne peux plus… « percer les oreilles ».

Après que l’abstention au premier tour a battu des records historiques – 52,49% des Français n’ont pas voté – le manque de participation à ce second tour est l’une des plus grandes préoccupations en France.

Stéphane, 56 ans, prend le train 7623 pour Nantes, dans le nord-ouest de la France. Il est « préoccupé » par l’abstention et dit que ceux qui ne voteront pas « ne devraient pas non plus se plaindre ».

Pour autant, lui-même n’ira pas aux urnes ce dimanche : il est inscrit à Paris et n’a pas préparé de procuration pour voter au second tour, alors même qu’il serait « cohérent d’élire quelqu’un à la présidence, et de lui donner une majorité ».

Les analystes affirment qu’un taux d’abstention plus élevé dès le départ pourrait favoriser la coalition soutenant Emmanuel Macron, car il affecterait principalement les couches sociales – comme les jeunes ou les classes populaires – avec une plus grande propension à voter pour la gauche. coalition de l’aile Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES) ou dans l’Union nationale, par Marine Le Pen.

Par exemple, chez les jeunes de moins de 24 ans, le taux d’abstention au premier tour des élections législatives était d’environ 69 %.

Anne, 24 ans, rejette l’idée que les jeunes ne s’intéressent pas à la politique. Selon la jeune femme – qui part en vacances à Bordeaux et ne votera pas dimanche – ses amis votent toujours.

« De toute façon, l’abstinence de ma génération est compréhensible : les politiciens ne nous écoutent pas, ils semblent appartenir à une autre catégorie et ne pas être dans notre monde », souligne-t-il.

Avant de se rendre à Tours, où il étudie, Romain, 25 ans, a également déclaré à Lusa que « les politiques n’ont pas envie de voter car non seulement ils font peur aux jeunes avec le chômage ou l’écologie, mais ils ne les invitent jamais à s’investir effectivement en politique ».

Mais contrairement à Annes, Romain est en route pour Tours pour remplir son devoir civique car « les élections législatives donnent un contre-pouvoir aux élections présidentielles ».

« Ces élections auront un impact énorme sur nos vies, donc je suis désolé qu’il y ait tant d’abstentions, mais je comprends aussi, avec tous les enjeux impliquant des politiciens de tous les partis », souligne-t-il.

Jean-Yves, 67 ans, barbe blanche et lunettes qui dépassent entre ses longs cheveux, comprend le « sentiment de fatigue » transmis par la jeune génération.

Lui-même, qui vient d’arriver à Paris en provenance de Guingamp, est dégoûté par la politique : en tant qu’électeur PS traditionnel, il n’est pas d’accord avec le syndicat de gauche formé à ces élections, car il n’aime pas son chef, Jean-Luc. Mélenchon, et le trouvent « trop agressif ».

« Je voterai quand même pour eux par procuration, parce qu’une partie du PS est toujours là, mais je n’aime pas cette coalition », dit-il.

Le second tour des élections législatives françaises est un domino controversé.

AT // CC

Par Impala News / Lusa


Godard Fabien

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