Le tribunal argentin a ouvert ce mercredi (14) le procès de l’ancien policier argentin Mario Sandoval, qui a été extradé de France en 2019 pour être jugé pour la disparition et la torture d’un jeune homme en 1976 pendant la dictature militaire.
Sandoval, 69 ans, a assisté à l’audience, mais la participation des juges était virtuelle.
« Je suis innocent. Je n’ai aucune morale ni conscience sur ce fait », a assuré l’ancien inspecteur de la police fédérale dans un communiqué qui a duré près de deux heures.
L’ancien policier, dit « Barbecue » pour avoir administré des décharges électriques à des détenus sur un lit d’élastiques métalliques, a remis en cause la procédure.
« Je suis un détenu exceptionnel qui est jugé par un tribunal spécial dans un procès politique », a-t-il assuré.
La justice française n’a autorisé le procès que pour l’enlèvement, la torture et la disparition d’Hernán Abriata, un étudiant en architecture de 24 ans qui était membre de la Jeunesse universitaire péroniste (JUP). Mais Sandoval est aussi soupçonné d’avoir participé à des centaines d’autres affaires qui se sont déroulées pendant la dictature militaire (1976-1983).
« J’étais à côté d’Hernán quand la porte a été défoncée. C’était le père et derrière lui se trouvaient tous ces oppresseurs et Sandoval est entré le premier. Nous étions dans un appartement de deux chambres. Et quand Sandoval sort et le prend, laissez-moi montrer sa carte d’identité et votre photo », a déclaré à l’AFP Mónica Dittmar, la petite amie d’Abriata au moment de l’enlèvement.
Le suspect résidait en France depuis 1985 et avait été extradé par la justice argentine en 2012 dans le cadre d’une enquête sur environ 800 disparitions à l’Escola de Mecânica da Marinha (ESMA), le plus grand centre de détention clandestin sous la dictature et à travers où passèrent environ 5 000 prisonniers politiques. Une centaine seulement ont survécu.
Le procès a été ajourné jusqu’à mercredi prochain, lorsque Sandoval répondra aux questions du tribunal et que les premiers témoins seront entendus.
Sandoval, en garde à vue, est entré dans la pièce menotté et vêtu d’un manteau noir, avec un masque couvrant partiellement son visage, où seuls les opposants étaient autorisés à entrer.
À l’extérieur de la salle, séparés par des vitres, des proches d’Abriata, des survivants de l’ESMA et des représentants d’organisations de défense des droits de l’homme se sont joints au public.
– Consultante à Paris –
Sandoval s’est exilé en France en 1985, où il a obtenu la nationalité française en 1997. Sans cacher son nom, il devient consultant à l’Institut des hautes études latino-américaines de Paris. Il a été professeur à la Sorbonne Nouvelle et à l’Université de Marne-La Vallée.
Un étudiant le reconnaît et il est interpellé à son domicile de la banlieue parisienne. Les survivants le décrivent comme un tortionnaire cruel.
« Sans passer par les tribunaux de France, il n’est pas possible de le juger pour les autres crimes dont il est accusé », a expliqué Hourcade.
L’ancien policier s’est présenté au domicile de la famille Abriata à Buenos Aires le 30 octobre 1976 et a arrêté Hernán, selon les témoignages de la petite amie et de la famille du couple.
Carlos Loza, un survivant de l’ESMA qui partageait une cellule avec Abriata et a assisté à l’audience, témoignera également.
Dittmar a déclaré que la mère d’Abriata, âgée de 95 ans, est « en mauvaise santé et perd la mémoire, mais les questions demeurent : où est Hernán ? Qu’est-il arrivé à Hernán ? Que lui ont-ils fait ? »
Sandoval a nié les accusations, demandé un délai de prescription et fait appel devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Toutes vos demandes ont été refusées.
sa-dm/gm/mr/ap
© Agence France Presse
« Analyste. Pionnier du Web. Accro à la bière. Adepte des réseaux sociaux. Communicateur. Passionné de voyages au charme subtil. »