« The Woman King », un blockbuster hollywoodien de 100 millions de dollars, représente une unité de l’armée du royaume du Dahomey, l’un des sites les plus puissants d’Afrique aux 18e et 19e siècles. Le film, qui a été projeté dans un cinéma de la capitale Cotonou il y a quelques jours, est sorti en France ce mercredi (28) et raconte la lutte de ce groupe de femmes contre les colonisateurs français. L’actrice américaine oscarisée Viola Davis dirige le casting.
Le mot « Agodjié » est affiché sur la porte du principal cinéma de la ville. C’est le nom des Amazones dans la langue dela langue officielle de l’ancien royaume du Dahomey.
Le public a afflué pour assister aux aventures de Viola Davis, alias Nanisca, une Amazone chargée de former une nouvelle génération de recrues pour lutter contre un royaume rival. Il y a des applaudissements réguliers dans l’auditorium.
Le visage maquillé, Aurélio se dit ravi. « Quelqu’un m’a demandé ce que je m’attendais à ressentir et j’ai dit : la colère et toutes les émotions qui ont fait des Amazones ce qu’elles sont. Je peux dire qu’on m’a répondu même au-delà de mes attentes », a-t-il déclaré.
« J’avais l’impression de retourner dans tout ce qui faisait la fierté des Amazones, tout ce qui les faisait entrer dans l’histoire. Et franchement j’ai envie de dire, quand Hollywood et l’histoire béninoise se rencontrent, c’est ce qui se passe », se réjouit-il.
« Ma vision des femmes »
Cette armée de femmes a défendu ce royaume d’Afrique de l’Ouest, situé dans l’actuel Bénin, aux XVIIIe et XIXe siècles, notamment contre les conquêtes coloniales françaises.
Avant sa sortie, le film a été critiqué sur les réseaux sociaux pour avoir été tourné hors du Bénin et avec presque aucun acteur béninois. Mais après la projection, un sentiment de fierté s’est exprimé : « C’était super », exultait un spectateur. Nous avons pu voir une femme leader charismatique qui sait motiver les autres. Si vous vivez au Bénin, vous connaissez leur histoire, vous connaissez leur courage », a-t-il déclaré à RFI.
« Et surtout, ce qu’elle représente vraiment, c’est ce courage, cette détermination à défendre son roi et son pays. Une femme forte. En général, nous sommes fortes. C’est vraiment ma vision des femmes », a-t-elle déclaré.
Le film contribue aussi à promouvoir le Bénin qui veut développer le tourisme : les autorités mettent en avant ce personnage historique incarné dans le film de Viola Davis.
Un projet de musée sur les Amazones
Un musée épique sur les Amazones et les rois du Dahomey est actuellement en projet à Abomey. Fin juillet, le président Patrice Talon a dévoilé une immense statue d’une Amazone de 30 mètres de haut à Cotonou. Les autorités béninoises veulent en faire l’identité visuelle du pays.
Quelles en sont les raisons ? Florent Couao Zotti, écrivain et conseiller technique au ministère du Tourisme, de la Culture et de l’Art du Bénin, explique que « c’est justement pour donner ce statut d’Amazonie à la femme d’aujourd’hui que nous nous référons à ce passé de notre pays ».
« Aujourd’hui nous reconstituons toute une histoire autour de ces personnages afin que les gens puissent comprendre le dévouement de ces femmes à l’époque du Royaume. [de Daomé]. Nous avions imaginé une identité visuelle pour le Bénin. On s’est dit que tout ce qui pourrait nous réunir serait une figure emblématique qui résume notre passé, mais projette aussi l’avenir de personnages historiques que l’on peut tirer de notre histoire et de notre présent, et c’est clairement le caractère des Amazones qu’il analyse.
« On s’est dit que si Paris a une identité avec la Tour Eiffel, si New York a une identité avec la Statue de la Liberté, si Dakar a une identité avec le monument [africano] Renaissance, le Bénin va aussi acquérir une identité à travers sa statue de la reine amazone », a conclu l’écrivain.
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