Le Conseil constitutionnel français a approuvé cette semaine les mesures de sécurité susceptibles d’être mises en œuvre pour les Jeux olympiques et paralympiques de 2024 en France, bien qu’elles soient incompatibles avec la loi européenne sur l’intelligence artificielle actuellement en discussion.
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Mercredi 17 mai, le Conseil constitutionnel a confirmé les dispositions du projet de loi qui, selon une soixantaine de députés, étaient inconstitutionnelles suite à l’adoption de la loi sur les Jeux olympiques et paralympiques en avril.
Cela comprend les dispositions relatives aux données capturées par les caméras, les systèmes de vidéosurveillance embarqués et les drones à traiter par l’intelligence artificielle.
« Enjeux significatifs » des Jeux
La rapporteure pour avis, Agnès Canayer, de la droite Les Républicains, défendu sa version du texte pour le Sénat en décembre 2022.
L’organisation de ces Jeux posera « des défis importants » en termes de sécurité, a-t-il dit.
La loi sur les Jeux olympiques et paralympiques a été votée dans un contexte où le défi de la prévention des attentats terroristes préoccupe toujours les parlementaires et s’ajoute au projet d’organiser la cérémonie d’ouverture sur la Seine avec des délégations de chaque pays défilant dans des bateaux.
La protection des banques nécessite donc un engagement exceptionnel de « 45 000 personnes : policiers, gendarmes et agents de sécurité privés », expliqué énorme à SudRadioGenericName en janvier.
Le vote intervient quelques mois après que la mauvaise gestion de la sécurité lors de la finale de la Ligue des champions à Paris a déclenché un tollé international, amenant le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin à présenter ses excuses à « tous ceux qui ont souffert de cette mauvaise gestion » en RTL radio.
Compte tenu de ces événements récents, les dispositions de sécurité de la loi et « l’utilisation de ces technologies » sont justifiées, a ajouté Canayer.
Débat au niveau de l’UE
Sur un pétition croisée signé en mars, 40 législateurs de l’UE ont averti leurs collègues français de l’incompatibilité entre le droit français et le droit européen sur ces questions, avertissant que : « la France créerait un précédent pour la surveillance de quelque chose de jamais vu auparavant en Europe, sous le prétexte des Jeux olympiques » .
Ils ont notamment souligné que la loi IA s’orientait vers une « interdiction définitive du recours à l’analyse automatisée ». […] des caractéristiques humaines et d’autres signaux biométriques et comportementaux ».
Au niveau de l’UE, les principales commissions parlementaires du Parlement européen ont approuvé le 11 mai la première version de la loi sur l’IA, avec un vote final en plénière à la mi-juin.
Si le projet de loi français sur les Jeux olympiques franchit toutes les étapes du parlement, il enfreindra probablement le droit européen, limitant l’utilisation des systèmes d’identification biométrique, la reconnaissance émotionnelle et d’autres traitements d’intelligence artificielle.
Défier les décrets futurs
En France, il n’y a aucune chance de renverser la facture, a déclaré Noémie Levain, responsable de l’analyse juridique et politique chez Quadrature du Net – un groupe français de défense numérique – à EURACTIV.
Mais « une fois les arrêtés d’exécution publiés, une nouvelle bataille commencera pour contester ces arrêtés devant les juges administratifs », a-t-il ajouté.
Il sera impossible pour les scanners corporels de voir « l’identité de la personne, son visage, son corps dans son ensemble », mais seulement s’il « prend en compte [them] une arme à feu, de la drogue, des trucs illégaux », a déclaré Canayer SudRadioGenericName – une analyse avec laquelle Levain n’est pas d’accord.
Levain a également critiqué les juges français qui, contrairement à d’autres en Europe, n’ont pas cherché à comprendre comment fonctionnent les technologies de surveillance autorisées.
Levain a également cité la recommandation de Quadrature du Net à la Cour constitutionnelle française, qui suggérait de s’inspirer d’un décision récente de la Cour constitutionnelle allemande qui a déclaré inconstitutionnelle l’analyse de données automatisées dans le cadre de l’utilisation de logiciels prédictifs par la police.
[Edited by Alice Taylor]
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