La graphiste Miss.Tic, légende des rues de Paris et pionnière du street art dans la capitale française, est décédée ce dimanche (22) à l’âge de 66 ans. Elle était connue pour ses pochoirs poétiques et son engagement pour la cause des femmes.
Artiste visuelle et poète de l’art urbain, Mme. Tic a étendu ses silhouettes de femmes à la peau foncée, réalisées au pochoir, dans tout Paris, sur les murs de Montmartre, du Marais et de Ménilmontant. La mort de l’artiste a été rapportée sur les réseaux sociaux du poète et de l’artiste.
Radhia Novat, de son vrai nom, est née à Paris en 1956 d’un père immigré tunisien et d’une mère originaire de Normandie, dans le nord de la France. A 16 ans, elle devient complètement orpheline et décide de raconter sa vie, ses drames et ses fantasmes sur les murs de la ville.
Initialement attiré par les États-Unis, Novat s’installe en Californie au début des années 1980. De retour en France, elle commence à travailler dans les rues de Montmartre – où elle a grandi – en 1985. C’est sur les murs de la capitale que la graphiste s’est fait connaître sous le pseudonyme emprunté à la sorcière des bandes dessinées de Mickey (au Brésil Madame Min).
« Je viens du théâtre de rue, j’adorais cette idée de l’art dans la rue », expliquait-il dans une interview en 2011.
« Au début, je pensais : ‘Je vais écrire des poèmes’. Puis : « J’ai besoin d’images pour accompagner les poèmes ». J’ai commencé par des autoportraits, puis je suis passé à d’autres femmes », ajoute-t-il.
« J’utilise beaucoup la femme contemporaine, celle qu’on voit dans la mode, dans la publicité. Parfois je suis incompris, mais on peut être jeune et beau et avoir des choses à dire. La vérité est qu’ils nous vendent ce qu’ils veulent avec ces belles filles. Alors j’ai dit : « Je vais amener les femmes à vendre de la poésie » », a-t-il expliqué.
Le début de la carrière de Miss.Tic a été marqué par des années de difficultés et de démêlés avec la justice, les graffitis et les pochoirs étant considérés comme du pillage des biens. C’est pour cette raison qu’elle a été arrêtée en 1997. « La poésie est un sport extrême », écrit-elle peu après sur un mur.
Après cet épisode, Miss.Tic a commencé à négocier les espaces urbains où elle souhaitait travailler, refusant d’être considérée comme une délinquante. Son art, qu’il soit éphémère ou persistant, a attiré l’attention des grandes marques dans les années 2000, notamment dans le monde de la mode. Elle collabore ensuite avec Kenzo et Louis Vuitton.
En 2007, elle réalise l’affiche du film « La fille coupée en deux » de Claude Chabrol, elle participe à l’édition 2010 du dictionnaire Petit Larousse, illustrant des mots de la langue française, et crée un collection de timbres en collaboration avec La Poste à l’occasion de la Journée de la Femme en 2011.
Certaines de ses œuvres ont été acquises par le Victoria and Albert Museum de Londres et le Paris Contemporary Art Fund.
Elle fera partie des artistes exposés à l’Hôtel de Ville de Paris en septembre, lors d’une exposition célébrant les 40 ans d’art urbain dans la capitale.
Miss Tic revendiquait sa participation à aucun parti ou mouvement et se disait anarchiste, activiste, mais avant tout artiste.
« J’avais beaucoup de respect pour sa carrière », a déclaré sur Twitter Christian Guémy, autre personnalité française du street art. Il a regretté que « l’un des fondateurs de l’art du pochoir » soit parti « si tôt ». « Les murs du 13e (Paris) ne seront plus jamais les mêmes », écrit-il.
La date des obsèques de l’artiste, qui « seront ouvertes au public comme elle le souhaite », n’a pas encore été annoncée, selon son compte Facebook officiel.
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