- auteur, Hugh Schofield
- Rouler, Correspondant de BBC News à Paris
Dans les prochains jours, on parlera beaucoup de candidats de centre et de gauche qui pourraient abandonner la course au second tour pour concentrer les voix anti-RN – et on se plaindra beaucoup de la disparition de l’ancien Front républicain (lorsque le partis unis pour empêcher la droite radicale d’accéder au pouvoir).
Mais il faudrait un renversement de proportions monumentales pour infirmer la seule conclusion que l’on puisse tirer de ce premier tour des élections : que le RN est désormais la force politique dominante incontestée en France.
Ce qui reste à décider cette semaine reste cependant assez important.
C’est la différence entre un gouvernement de droite radicale qui a carte blanche grâce à une majorité absolue à l’Assemblée nationale, et un gouvernement de droite radicale qui ne peut pas faire grand-chose parce que l’Assemblée est divisée.
Actuellement, les projections indiquent que le RN disposerait entre 260 et 310 sièges à la Chambre des représentants. Comme il faudrait 289 sièges pour garantir une majorité absolue, le résultat reste bien entendu encore ouvert.
Pour limiter les dégâts sur leur cause, les centristes du président français Emmanuel Macron et l’alliance de gauche Nouveau Front populaire appelleront leurs électeurs à voter stratégiquement lors du second tour, prévu le 7 juillet. Même si leur candidat est éliminé de la course, les électeurs seront invités à choisir qui, dans leur circonscription, s’oppose au RN.
Mais le problème de ce genre d’ordre partisan, c’est que de moins en moins de gens écoutent.
Supprimer la honte liée au vote RN a été un long processus, mais qui peut désormais être déclaré sans aucun doute.
L’autre difficulté pour les opposants du RN est le nombre élevé de votes triangulaires au second tour, c’est-à-dire des circonscriptions dans lesquelles trois candidats, et non deux, s’affronteront dimanche prochain. Généralement un du centre, un de la droite radicale et un de la gauche.
La raison du nombre élevé d’élections triangulaires est le taux de participation élevé, qui est en soi le résultat du risque élevé en jeu.
Cela se produit également parce que la campagne éclair a empêché les petits partis d’agir ensemble, de sorte que le vote a été concentré dans les trois blocs.
S’il y a trois partis en compétition dans une circonscription, il sera évidemment plus difficile de concentrer les voix anti-RN. Dans de nombreux endroits, les candidats centristes ou de gauche se retireront de la course – mais cela ne se produira pas dans toutes les circonscriptions.
Dans l’ensemble, le pays semble désormais saisi par le sentiment que la victoire de la droite radicale est inévitable. Ce qui était autrefois considéré comme quelque chose d’absurde qui ne devait même pas être pris en compte est désormais un fait tangible qui se cache au loin.
Cela déprime et irrite beaucoup de gens, surtout dans les grandes villes comme Paris, où la morosité s’est installée.
Dans d’autres endroits, loin des centres urbains, les gens pensent probablement différemment.
« Twitter Practitioner. Alcohol Nerd. Music Enthusiast. Travel Expert. Troublemaker. Certified Creator. »