France / Un meurtre, des souvenirs et des réactions différents

La nouvelle, la première de l’attentat, après la mort, en prison, du séparatiste corse Ivan Kolonas, condamné à trois peines à perpétuité (la dernière en 2011) pour le meurtre en 1988 du préfet corse Claude Eriniak, a été éclair dans les airs, en une campagne électorale déjà assombrie par la pandémie et la guerre en Ukraine.

« Je crois que Dieu a vaincu Ivan Kolonas de mes propres mains. ‘Dieu a utilisé mes mains pour répondre à celui qui a maudit.’ C’est par ces mots que le djihadiste camerounais Frank Elong Abe, 35 ans, a justifié son agression et a décrit avec un calme absolu et avec beaucoup de détails à la police comment il avait étranglé Colonas dans la salle de sport de la prison de la ville d’Arles le 2 mars. Il s’est décrit comme un instrument du « créateur de la terre et de l’air » et du « destin », qui devait « défendre son créateur »… Kolonas, 61 ans, incarcéré dans cette prison depuis 2013, a rendu son dernier souffle était le 21 mars, dans un hôpital de Marseille, après avoir été dans le coma pendant 19 jours.

Ce meurtre évoque des souvenirs difficiles que Paris croyait effacés. Ils n’ont pas. Et il l’a vu dans les grandes manifestations militantes en Corse, dès que l’attentat et la situation désastreuse de Colonna ont été connus. Les grandes manifestations sur l’île, où l’élément séparatiste reste fort, ont suscité, après les condoléances du président Macron à la famille de Kolonas (soulignant qu' »il n’oublie pas celles du préfet Erinyak »), la visite apaisante du ministre de l’Intérieur Z. Darmanen, qui a annoncé le lancement d’un dialogue sur l’autonomie de la région. Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Atal, n’exclut pas pour sa part un « vide » dans le système pénitentiaire, évoquant de « graves dysfonctionnements ».

Kolonas, qui n’a jamais reconnu sa culpabilité depuis son arrestation en 2003 (alors que le ministre de l’Intérieur était Nicolas Sarkozy), a été, après son rejet, en 2016, par la Cour européenne des droits de l’homme, de sa demande pour violation de la présomption d’innocence, son transfert à la prison de Corse. Si cela s’était produit, selon sa famille, leur mari serait encore en vie.

L’assassinat de Colonna remit la cause corse sur le devant de la scène. Et la différence de réactions sur l’île par rapport à la scène politique centrale en dit long. Alors que presque toutes les parties évoquent les problèmes de fonctionnement de la justice et du système pénal, et rappellent ainsi leurs positions sur la question corse, les réactions des forces armées locales sur l’île sont différentes. Ils ont fait référence au « symbole de l’indépendance », à un homme « mort pour la Corse », comme, par exemple, la fonction du principal parti séparatiste, « Core in fronte ».

Un message qu’il a accompagné d’une photo en noir et blanc de Kolonas, légendée « en toi est l’étreinte de cette terre ». De son côté, le parti « Femu a Corsica » a posté un tweet en langue corse : « Ivan Kolona, ​​patriote corse, vivra dans l’éternité ! ». Ce n’est pas un hasard si ce sentiment était partagé par d’autres séparatistes, catalans et basques, qui rappelaient leur unité avec les Corses. Par exemple, l’Assemblée nationale de Catalogne a exprimé ses condoléances « à tout le mouvement séparatiste corse », tandis que le parti basque « Sortu » a écrit « deux peuples, une lutte, solidarité et condoléances ».

Julienne Rose

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