Gerbert d’Aurillac, le pape mathématicien – 17/01/2023 – Marcelo Viana

Mon ami Jorge Buescu, professeur à l’Université de Lisbonne et ancien président de Société mathématique portugaiseécrit mensuellement sur les mathématiques dans le magazine de l’Ordre des Ingénieurs du Portugal.

Ses articles sont rassemblés dans des livres dont il a la gentillesse de m’envoyer des exemplaires. Le dernier en date, « Amour, Mathématiques et Autres Signes », que je viens de recevoir me présente un personnage fascinant : Gerbert d’Aurillac, le pape mathématicien Sylvestre 2equi régna sur le christianisme au début du premier millénaire, entre le 2 avril 999 et le 12 mai 1003.

Nous ne savons pas exactement où ni quand il est né, mais on pense qu’il était dans la région d’Auvergne vers 945, certainement d’origine modeste. A 18 ans, il est déjà admis au monastère bénédictin de Saint Géraud d’Aurillac, sous la protection de l’abbé Raymond de Lavaur. Commence alors le « trivium », le cycle de base des études médiévales, formé par la grammaire, la rhétorique et la logique. Mais les études poussées du « quadrivium », formé par la géométrie, l’arithmétique, l’astronomie et la musique, allaient au-delà de ce que le monastère avait à offrir.

En 967, profitant d’une visite de Borrel II, comte de Catalogne, l’abbé lui demande s’il y a de bons mathématiciens dans son domaine. Après que le comte eut répondu par l’affirmative, Raymond de Lavaur lui demanda d’emmener Gerbert avec lui pour continuer ses études.

La Catalogne était alors à la frontière entre les royaumes chrétiens du nord de la péninsule ibérique, imprégnés d’un irrésistible élan d’expansion territoriale, et la culture raffinée du royaume islamique d’Al-Andalus, le plus avancé à l’époque. Les trois années qu’il y passe permettent à Gerbert de réaliser son plein potentiel d’étudiant. On pense même qu’il a passé des périodes à Cordoue, la capitale d’Al-Andalus.

En 970, Borrel II part en pèlerinage à Rome et emmène Gerbert avec lui. Introduit par le pape Jean XIII et l’empereur romain Othon Ier, Gerbert dut faire forte impression, puisque le pape le recommanda comme précepteur de l’héritier impérial, le futur Othon II. Deux ans plus tard, il devient professeur à l’école de la cathédrale de Reims.

A cette époque avant la fondation des universités – la première ne sera fondée qu’en 1088 à Bologne – les écoles cathédrales sont les établissements d’enseignement les plus avancés, et Reims, où sont couronnés les rois de France, est l’une des plus prestigieuses d’Europe. Là, Gerbert a atteint le sommet de sa renommée en tant qu’universitaire.

Avant que les vicissitudes de sa carrière ne l’amènent à la politique internationale et au sommet de l’Église chrétienne, Gerbert a apporté d’importantes contributions au développement des mathématiques en Europe. Ce sera le sujet de la semaine prochaine.


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Sharon Carpenter

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