La ville de Grenoble, dans le sud-est de la France, fait rarement la une des journaux ou fait la une des journaux à travers le pays, comme elle l’a fait ces dernières semaines. En cause, le combat inlassable du maire de la ville, l’écologiste Eric Piolle, pour permettre aux femmes musulmanes de se rendre dans les piscines municipales en burkini, le maillot de bain controversé qui a mis le feu aux Français.
La ville de Grenoble, dans le sud-est de la France, fait rarement la une des journaux ou fait la une des journaux à travers le pays, comme elle l’a fait ces dernières semaines. En cause, le combat inlassable du maire de la ville, l’écologiste Eric Piolle, pour permettre aux femmes musulmanes de se rendre dans les piscines municipales en burkini, le maillot de bain controversé qui a mis le feu aux Français.
Daniella Franco, envoyé spécial de RFIA à Grenoble
Chaque été, le burkini attire à nouveau l’attention de l’opinion publique française. C’est généralement sur les plages de France que commencent les nouveaux chapitres de cette saga. Cette année, le différend a commencé plus tôt, au printemps de l’hémisphère nord, et a en toile de fond les piscines municipales de Grenobleune ville d’environ 160 mille habitants, au pied des Alpes.
Ironiquement, les piscines de la ville n’ont pas encore rouvert aux clients cette saison, qui commence le 19 juin. Cependant, la possibilité que les femmes musulmanes puissent couvrir une grande partie de leur corps irrite déjà les conservateurs.
Dans son cabinet de la mairie de Grenoble, Eric Piolle garde sa sérénité dans le traitement de l’affaire. Il dirige la ville depuis 2014, réélu pour un second mandat en 2020, expliquant que la polémique apparue dans les médias ces dernières semaines n’est que la pointe de l’iceberg. Son combat a commencé il y a plus d’un an, lorsqu’il a décidé qu’après les élections présidentielles de cette année, il soumettrait la question du port du burkini au vote du conseil municipal (l’équivalent brésilien du conseil municipal), pour « lancer le débat à la campagne ».
Pourtant, la polémique vole la vedette à la campagne pour les élections législatives françaises, qui se tiendront les 12 et 19 juin. « Il n’y a jamais de bon moment pour mettre fin à la discrimination », dit-il. « Clairement, cela ne devrait pas être un enjeu législatif. En fait, c’est un ‘non polémique’ car nous luttons contre les discriminations et prenons des mesures bénéfiques pour la santé », se défend le maire, évoquant l’autorisation d’usage des t-shirts et short avec protection UV.
Après approbation par le conseil municipal, le 16 mai, cette nouvelle réglementation qui autoriserait l’utilisation du burkini a atteint le plus haut niveau du gouvernement national. Cette décision a été vivement critiquée par le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin, qui a qualifié le maire Piolle de « pyromane ». Le ministre a alors ordonné à Laurent Prévost, secrétaire à la Sécurité publique de la région Isère, où se situe Grenoble, de saisir le tribunal administratif de la ville, alléguant une atteinte au principe de laïcité.
Enfin, le 25 mai, le fameux article 10 de l’ordonnance sur les piscines municipales de la ville, qui autorisait les maillots de bain musulmans, a été annulé. Le juge a affirmé que le burkini « permet à certains clients d’enfreindre les règles dans un but religieux… portant gravement atteinte au principe de neutralité du service public ». La loi française interdit l’utilisation de vêtements ou d’accessoires faisant référence aux religions et croyances dans les espaces publics.
Dans une interview avec RFIAPiolle a garanti un recours devant le Conseil d’État de France, la plus haute juridiction administrative du pays, qui décidera définitivement dans les prochains jours si le burkini peut ou non être utilisé dans les piscines municipales de Grenoble. Outre cette ville au pied des Alpes, un seul autre lieu autorise l’usage du maillot de bain controversé depuis 2018 : Rennes, dans le nord-ouest de la France.
« Il faut arrêter de sexualiser le corps des femmes », se défend le maire de Grenoble. Il rappelle également les trois principaux objectifs de la modification du règlement intérieur : que les femmes et les hommes puissent nager dans les mêmes conditions, la nouvelle règle permettant l’utilisation des bassins avec le haut du corps nu, autorisant les seins nus. De plus, Piolle affirme que c’est une question de santé de protéger la peau de l’exposition au soleil. Enfin, il a déclaré que l’interdiction du burkini était discriminatoire et visait directement les femmes musulmanes « ce qui n’est pas conforme à la loi française ».
La pression d’une association : Citizen Alliance
Derrière la bataille pour l’admission du burkini dans les piscines se cache la pression d’une association, Aliança Cidad. Elle a été fondée en 2012 dans le but de lutter contre les mauvaises conditions de logement de l’époque. Au fil du temps, la bataille a évolué. Ces dernières années, le groupe a organisé plusieurs manifestations, comme l’invasion de militants burkinis dans les piscines publiques d’autres villes françaises, des actes qui n’ont pas plu aux politiciens conservateurs et à une partie de l’opinion publique.
Récemment, le journal français Le Parisien a publié un rapport d’enquête suite aux accusations d’un ancien membre de l’association concernant l’enregistrement, effectué par des militants, de milliers de Grenoblois sur la base de critères de religion, d’origine ethnique et d’orientation politique, ce qui est interdit par la loi française. L’Alliance Citoyenne n’a pas répondu à plusieurs demandes d’interview de la RFIA commenter la chose.
Pour Gwenaëlle Veaux, professeur de droit public à l’université de Cergy-Pontoise, spécialiste de la laïcité, les méthodes utilisées par l’association sont jugées « agressives ». « Le fait qu’ils aient remporté une victoire à Grenoble a été dénoncé par le juge du tribunal administratif, comme si la mairie avait cédé à cette immense pression. Cela a été perçu par le juge et certains habitants comme une sorte de lâcheté envers le gouvernement », dit-il.
Calvès explique que la décision du tribunal administratif de retirer le vote du conseil municipal de Grenoble est justifiée. « C’est sa mission, c’est pour ça qu’il existe, de vérifier qu’aucune décision illégale n’est prise par les élus », explique-t-il.
Cependant, l’expert se dit surpris par le retrait. « C’est la première fois qu’un tribunal administratif en France examine le processus d’une décision du conseil municipal. Normalement, les juges évaluent la décision finale, si elle est légale. Mais cette fois, le juge n’a pas examiné le contenu du verdict. » règlement en soi, mais comment ce règlement a été adopté, ce qui est inédit en France », explique-t-il.
Pour elle, il y a peu de possibilités que d’autres villes puissent changer les règlements de leurs piscines pour permettre l’usage du burkini. « Vu toute cette polémique qu’on a vue à Grenoble, je trouve difficile que d’autres communes françaises veuillent suivre le même exemple et traverser la même situation », évalue-t-il.
Les gens fatigués de la controverse
Les Grenoblois et ses environs ne cachent pas leur lassitude face à la polémique. Dans cette ville connue pour son engagement écologiste progressiste et gouvernée depuis des années par des politiciens de gauche, la population se méprend sur tout le bruit causé par le maillot de bain musulman.
C’est le cas de la doctorante Célia, qui parle avec sarcasme du problème du burkini. « C’est un sujet qui revient tous les étés en France, comme si on n’avait rien d’autre à se dire. J’ai vu un mème internet vraiment drôle qui disait ‘si vous ne croyez pas au réchauffement climatique, sachez que cette année c’est le débat sur le burkini qui a commencé. plus tôt que d’habitude, ce qui prouve que la chaleur est arrivée plus tôt que prévu », plaisante-t-il.
Samedi dernier (28), alors que la Marche des fiertés LGBTQI+ défilait dans le centre-ville, avec plusieurs participantes pratiquant les seins nus, la jeune Hadjer, 18 ans, en hijab, s’entretient avec son amie Lina, 18 ans également, au plus près de la mobilisation.
« J’étais très contente que le burkini soit autorisé. Après tout, c’est une tenue comme une autre, la différence c’est que nous, les musulmans, pouvons nager l’esprit tranquille. Maintenant, je regrette vraiment que ce soit autorisé puis interdit. » Je suis très déçu », a déclaré Hadjer.
Pour le fonctionnaire Antoine, 24 ans, la polémique est exagérée. « C’est beaucoup de bruit pour rien. Quand la mairie de Rennes a autorisé il y a quelques années l’usage du burkini dans les piscines là-bas, on n’a pas vu cela arriver. Je pense qu’on a d’autres problèmes plus gros et d’autres plus des choses intéressantes à parler de notre ville », pense.
Le chercheur Pierre, 63 ans, dit ne pas avoir suivi tous les détails du débat sur le burkini, mais il ne comprend pas pourquoi le problème se limite aux vêtements féminins. « Nous voyons des hommes dans des vêtements qui montrent leur religion, avec des vêtements islamiques, donc je pense qu’il serait nécessaire d’aborder ce qu’ils portent également. Pas que je m’en soucie, mais cela devrait être traité de la même manière », dit-il.
Esteban, un étudiant de 18 ans, exprime son indécision à ce sujet. « La République française est laïque. En même temps, je ne pense pas qu’il soit juste de lever les obstacles sur le chemin des croyances des autres. Pour être honnête, je suis divisé quand j’y pense. Mais en général, je pense que Religieux les symboles devraient être dans l’espace public devraient être interdits. Je ne parle que du burkini, mais de la kippa, des personnes qui portent une croix en accessoire, bref, de toutes les religions », dit-il.
Le Conseil d’État devrait annoncer sa décision définitive sur l’utilisation du burkini dans les piscines municipales de Grenoble dans les prochains jours. Après le jugement de celle-ci, la plus haute juridiction administrative de France, l’affaire sera close et ne pourra plus être contestée.
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