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Le gouvernement du Mali, sous contrôle militaire après le coup d’État de 2020, a ordonné lundi l’expulsion de l’ambassadeur de France Joël Meyer, à qui les autorités ont donné 72 heures pour quitter le pays, selon un communiqué lu à la télévision nationale. Cette mesure drastique intervient en réponse aux récentes déclarations dans les médias français du ministre français des Affaires étrangères, Jean Yves Le Drian, accusant la junte militaire d' »être illégale » et de « prendre des mesures irresponsables ». L’ambassadeur de France a été convoqué lundi au ministère des Affaires étrangères, où il a été informé de son expulsion du pays.
« Cette décision intervient après les propos hostiles et scandaleux tenus récemment » par le ministre précité, selon le communiqué, « et la répétition de tels propos par les autorités françaises à l’encontre des autorités maliennes malgré les protestations répétées » d’une partie du gouvernement du Mali, qui considère ces vues « contraires au développement des relations amicales entre les nations ». Malgré cela, précise la note officielle, l’exécutif malien reste « disponible pour poursuivre le dialogue et la coopération avec tous ses partenaires internationaux, dont la France, dans le respect mutuel et sur la base du principe cardinal de non-ingérence ».
Les relations entre les deux pays se sont détériorées depuis que le colonel Assimi Goita a mené un coup d’État contre le président Ibrahim Boubacar Keita en août 2020 et l’a renversé, mais surtout après le deuxième coup d’État mené par Goita en mai 2021, qui a fait échouer la transition vers la démocratie qui avait commencé. Le président français Emmanuel Macron a été particulièrement bouleversé par ce deuxième coup d’État militaire et a annoncé quelques jours plus tard le retrait partiel de l’opération Barkhane pour contrer le terrorisme djihadiste, qui compte désormais quelque 5 500 soldats au Sahel, dont beaucoup au Mali, et qui a déjà été réduit à environ 4 800 avec la prévision d’atteindre environ 3 000 d’ici 2023.
Le tournant de la junte militaire malienne vers la Russie et, plus précisément, le début des négociations avec la société privée affiliée au Kremlin Wagner sur le déploiement de mercenaires au Mali, ont marqué le début des hostilités. Pour les autorités françaises, qui prétendent qu’il y a déjà des membres de Wagner au Mali, c’est une ligne rouge et elles l’ont répété à plusieurs reprises. Le gouvernement de transition malien dément cependant le déploiement et assure qu’ils sont des instructeurs de l’armée russe dans des missions d’entraînement similaires à celles de l’Union européenne depuis 2013.
Après le deuxième coup d’État, l’armée malienne avait promis de respecter le calendrier de transition négocié avec la Commission économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), qui avait organisé des élections en février, mais en décembre dernier, elle a rompu cette promesse et annoncé son intention de rester au pouvoir pendant encore six mois à cinq ans. La réponse de la Cedeao a été d’approuver des sanctions sévères contre le Mali, telles que le blocage de toute aide financière étrangère ou la fermeture des frontières, mesures soutenues par la France et l’UE. Dans le même temps, et après huit ans d’intervention militaire sans résultats apparents face à la progression du djihadisme, un fort sentiment anti-français se répand dans la région et est à l’origine du soutien populaire aux coups d’État au Mali et au Burkina.
La tension ne cessait de monter
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La semaine dernière, les autorités maliennes ont ordonné le départ de 100 soldats danois déployés dans le cadre de l’opération européenne Takuba en soutien à Barkhane, affirmant qu’ils n’avaient pas été consultés. De même, la junte a annoncé la révision des accords militaires avec la France. Depuis Paris et dans plusieurs déclarations aux médias français, le ministre Le Drian a dénoncé ces quatre derniers jours le caractère illégitime de la junte militaire, qu’il accuse de tenter de se maintenir au pouvoir sous prétexte de djihadisme. Il a également assuré que Wagner était venu au Mali avec l’autorisation des autorités pour piller le pays. De son côté, la ministre de la Défense Florence Parly a assuré qu’ils ne pouvaient pas continuer au Mali « à tout prix ».
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