La France a vivement réagi à l’annonce du partenaire de l’OTAN, les États-Unis, selon laquelle elle formerait un « partenariat de sécurité » anti-chinois dans la région indo-pacifique avec la Grande-Bretagne et l’Australie. Washington veut aider l’Australie à construire des sous-marins à propulsion nucléaire. « Je suis en colère. On ne fait pas ça entre alliés », a déclaré jeudi le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. sur la radio France Info. Jeudi soir, la Maison Blanche a tenté de régler le différend. « Nous travaillons en étroite collaboration avec la France sur de nombreuses priorités communes dans l’Indo-Pacifique, mais aussi au-delà. Nous attachons une importance fondamentale à cette relation, à ce partenariat », a déclaré le ministre des Affaires étrangères Antony Blinken.
En 2016, la France a signé un contrat de 56 milliards d’euros avec le gouvernement de Canberra pour la fourniture de 12 sous-marins conventionnels. Les entreprises américaines et britanniques profitent de la résiliation par le Premier ministre Scott Morrison de l’accord avec l’entreprise publique française Naval Group.
Le Drian a qualifié la décision de « unilatérale et brutale » et a comparé les actions du président américain Joe Biden aux actions de Donald Trump. Son manque de concertation avec les Européens a poussé le président français Emmanuel Macron à certifier la « mort cérébrale » de l’Otan en 2019 et à appeler à des réformes. Ce processus est probablement compliqué par la création de l’alliance tripartite avec l’abréviation « Aukus », que les commentateurs français qualifient de « coup de poignard dans le dos ».
La France et l’UE ont été dénoncées et mises devant le fait accompli par Morrison, Biden et la déclaration du Premier ministre britannique Boris Johnson tard mercredi soir. Sans mentionner directement la Chine, « Aukus » vise à renforcer la dissuasion militaire dans l’Indo-Pacifique et à répondre aux « menaces en évolution rapide », a déclaré Biden. Le ministère chinois des Affaires étrangères a déclaré que les pays concernés devaient abandonner la mentalité de « guerre froide à somme nulle ».
Contrairement à la France, dont les territoires d’outre-mer comptent près de deux millions d’habitants et comptent 7 000 militaires stationnés dans la région, les autres pays de l’UE de l’Indo-Pacifique ont surtout des intérêts économiques. En avril, la Commission et le service extérieur ont été chargés d’élaborer une stratégie indo-pacifique. S’exprimant lors de la présentation, le chef des affaires étrangères de l’UE, Josep Borrell, a déclaré que le conflit hégémonique entre les États-Unis et la Chine n’était nulle part aussi intense que dans cette région.
Dans la stratégie, l’UE met en garde contre un « renforcement militaire important, y compris par la Chine », et déclare que « les tensions croissantes dans des zones moins favorisées telles que la mer de Chine méridionale et le détroit de Taiwan » pourraient également menacer la sécurité et la prospérité d’Europe. L’UE entend donc étendre et mieux coordonner sa « présence navale dans l’Indo-Pacifique ». Borrell a souligné que l’UE est le plus grand investisseur dans la région et qu’elle bénéficie d’une grande confiance : « Cette stratégie n’est pas basée sur la confrontation, mais sur la coopération ». Interrogé, Borrell a déclaré qu’il était surpris par la fondation « Aukus ». Il comprend la déception de la France, mais voit les développements comme un « signal d’alarme » pour que l’UE lutte pour plus d’autonomie européenne.
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