La France ne subventionnera plus l’homéopathie | Sciences et santé

La ministre française de la Santé, Agnès Buzyn, a annoncé mardi (9) qu’à partir de 2021, le système de santé publique du pays ne permettra plus aux citoyens de récupérer une partie des sommes dépensées pour les traitements homéopathiques.

Selon Buzyn, la décision fait suite à un examen de l’autorité de santé française (connue sous son abréviation HAS), qui a conclu fin juin que l’efficacité des médicaments homéopathiques est « insuffisante » pour justifier la subvention de l’Etat français.

Aujourd’hui, les patients qui suivent des traitements homéopathiques ont droit à 30% de remboursement par le système de santé. Selon les déclarations du ministre au journal Le Parisien, la fin de la politique de subventions sera progressive. Le 1er janvier 2020, la subvention sera réduite à 15 %, jusqu’à son expiration définitive en 2021.

Ainsi, 1 163 médicaments homéopathiques ne sont plus partiellement subventionnés. La fin de la politique devrait générer des économies annuelles de 126,8 millions d’euros pour la santé publique.

Le débat sur l’efficacité de l’homéopathie occupe la communauté médicale française depuis des années. En mars 2018, 124 professionnels de santé signaient un appel publié par le journal Le Figaro mettant en garde contre des thérapies « fantastiques et non éprouvées ». ,

Les auteurs ont également demandé au Conseil des médecins de ne plus octroyer le titre de docteur aux professionnels de l’homéopathie, qualifiés de « charlatans qui sollicitent l’agrément moral avec le titre de docteur pour promouvoir de fausses thérapies à l’efficacité illusoire ». Au final, plus de 3 000 médecins ont approuvé la lettre.

En septembre 2017, le Conseil scientifique des Académies européennes des sciences a également publié un rapport confirmant le manque de preuves de l’efficacité de l’homéopathie. Enfin, l’année dernière, le gouvernement français a demandé à la Haute Autorité de Santé (HAS), une institution indépendante qui contribue à la politique de santé du pays, de mener une étude pour évaluer si les subventions à l’homéopathie devaient rester en vigueur.

Après neuf mois de travail, la HAS a conclu, sur la base d’un millier d’études évaluant plus de 1200 médicaments homéopathiques, qu’il manquait de preuves scientifiques de l’efficacité de ces composés dans 24 pathologies ou symptômes, comme la fatigue, l’anxiété, la rhinite, entre autres… D’autres…

Les traitements homéopathiques ont été subventionnés par le système de santé publique français en 1984. A l’époque, l’indemnisation pouvait s’élever à 65% de la valeur. Au cours des années suivantes, le gouvernement a graduellement abaissé ce taux. Premier à 35% en 2003 et 30% en 2011.

On estime que 10% de la population française utilise régulièrement des traitements homéopathiques. Une enquête publiée en novembre 2018 a révélé que 74 % des Français souhaitent le maintien de la subvention.

En 2017, les ventes de médicaments homéopathiques en France ont généré 620 millions d’euros, dont plus de la moitié sur ordonnance et remboursables.

Philbert Favager

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