« Nous devons passer d’une Europe de la coopération à l’intérieur de nos frontières à une Europe puissante dans le monde, pleinement souveraine, libre de ses décisions et maîtresse de son destin », a-t-il déclaré à propos de l’objectif de la présidence.
En conférence de presse, le chef de l’Etat français a précisé les domaines qu’il privilégiera pour atteindre cet objectif, allant de la défense à la révision des règles fiscales, en passant par la politique commerciale.
Les propositions incluent la promotion de la définition de la « souveraineté stratégique » dans la défense, la construction d’une nouvelle relation économique avec l’Afrique, « repenser » les règles fiscales de la zone euro ou introduire une taxe sur les entreprises multinationales.
En matière de défense, Macron, qui prône depuis des années une « autonomie stratégique » de l’Europe pour réduire la dépendance militaire vis-à-vis des Etats-Unis, pousse à fond la définition de cette « souveraineté stratégique » sans rompre avec l’Otan.
« Nous, Européens, membres de l’OTAN ou non (…) avons des menaces communes et des objectifs communs », a déclaré le président, pointant l’idée de manœuvres conjointes ou de nouveaux scénarios, comme l’espace extra-atmosphérique et le cybermonde.
Si le rôle du pays exerçant la présidence est pro tempore de conclure des accords entre pays et institutions, la France a mis ses intérêts nationaux à l’ordre du jour.
Ainsi, dans un contexte de crises diplomatiques sur les migrations, que ce soit aux frontières du bloc avec la Biélorussie, le Royaume-Uni ou la Méditerranée, la présidence française de l’UE poussera à une réforme de l’espace Schengen pour la libre circulation.
Macron a défendu la création d’un organe de surveillance politique, comme il en existe déjà pour la zone euro avec des réunions mensuelles des ministres des Finances, et la promotion d’un mécanisme d’aide aux pays frontaliers en crise.
L’UE, acteur du commerce mondial et aspirant à devenir une référence dans la lutte contre le changement climatique, a proposé ces derniers mois d’unir ces deux domaines dans sa politique, que Macron entend promouvoir au premier semestre.
Le président français a indiqué qu’il mettrait en œuvre un instrument de l’UE contre la « déforestation importée » pour empêcher les produits cultivés dans les zones déboisées d’entrer dans le bloc.
Le soja, le bœuf ou le café font partie des importations évoquées par Macron, un opposant à l’accord négocié entre l’UE et les pays du Mercosur qui vise également à « démarrer » une taxe carbone aux frontières.
Un autre objectif est de « lancer un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, cette fameuse taxe carbone » et de promouvoir des « clauses miroirs » pour que les partenaires commerciaux respectent les normes environnementales européennes.
La présidence française de l’UE analysera également les enseignements tirés de l’impact humain et économique de la pandémie de coronavirus. En ce sens, Macron a appelé à « reconsidérer les règles fiscales européennes ».
« Face à toutes ces crises qui affectent l’Europe, nombreux sont ceux qui veulent se faire confiance, mais pas. Ces nations sont notre force, notre fierté, mais l’unité européenne est leur complément indispensable », a-t-il ajouté.
– Contre ou « révisionnisme » –
Cette présidence biennale, la 13e présidence française depuis les années 1950 et la première depuis 2008, intervient à un moment important pour l’UE et notamment pour ses deux premières économies, la France et l’Allemagne, considérées comme la force motrice du bloc.
En Allemagne, le social-démocrate Olaf Scholz a pris le pouvoir mercredi après 16 ans de la conservatrice Angela Merkel, considérée comme la dirigeante de facto du bloc et parfois critiquée pour avoir freiné l’élan pro-européen de Macron.
« Ils pourront compter sur le soutien de l’Allemagne du premier au dernier jour (…) pour œuvrer ensemble à une Europe forte et souveraine », a déclaré la nouvelle cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock, lors de sa première visite à Paris. .
Et en France, Macron affrontera l’élection présidentielle en avril. Alors que la plupart des sondages lui donnent la victoire face aux candidats de droite et d’extrême droite, ils ne cessent de critiquer l’UE et même la justice européenne.
« Nous vivons un moment politique en Europe où le révisionnisme s’est installé dans plusieurs pays et utilisé par des pouvoirs qui veulent remettre en question nos valeurs et notre histoire », a déclaré Macron.
Le président français conclura lundi sa visite dans les autres pays de l’UE à Budapest, où il discutera de leurs priorités européennes avec les dirigeants du groupe de Visegrad – Hongrie, Pologne, Slovaquie et République tchèque.
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