La coalition du président français Emmanuel Macron et l’alliance de centre-gauche de Jean-Luc Mélenchon étaient à égalité au premier tour des élections législatives dimanche, selon les prévisions, confirmant le scénario de bipolarisation attendu par la plupart des sondages. Le second tour, dimanche prochain, sera décisif pour voir si le président peut garantir une majorité parlementaire.
Le premier tour des élections à l’Assemblée nationale ne permet pas d’obtenir une majorité claire, ce qui devrait rendre difficile pour Macron la création d’une banque parlementaire pour soutenir ses initiatives. La coalition Juntos de Macron et la Nouvelle Union populaire écologiste et sociale (NUPES), qui regroupe divers partis de gauche, communistes, écologistes et socialistes, ont obtenu exactement le même résultat, selon les projections d’Ipsos : 25,2 %.
Le premier tour des élections législatives n’est pas un bon indicateur de la composition finale de l’Assemblée nationale, car la plupart des sièges ne seront décidés que dimanche prochain. Seuls les candidats recueillant plus de 50 % des suffrages seront élus au premier tour, tandis que toute candidature qui obtiendra au moins un résultat correspondant à 12,5 % des électeurs inscrits passera au second tour.
La répartition des sièges basée sur les prévisions au premier tour donne aux juntos entre 255 et 295 députés, laissant ouverte la possibilité que la coalition de Macron ne puisse pas obtenir la majorité à l’Assemblée nationale, qui est assurée de disposer de 289 sièges. La NUPES, selon les mêmes projections, sera la deuxième force la plus représentée, avec un banc compris entre 150 et 190 députés.
Contrairement à d’autres pays, les prévisions des bureaux de vote français sont basées sur les votes exprimés dans les bureaux de vote déjà fermés, et non sur les sondages à la sortie des urnes, comme c’est plus courant. Comme attendu, l’abstention a atteint un nouveau record pour la Ve République, à 52,8 %. En 2017, au premier tour de la législature, il était de 51,3 %.
À 18,9 %, l’Union nationale de Marine Le Pen a obtenu son meilleur résultat aux élections législatives, mais loin de la performance obtenue à l’élection présidentielle lorsque le leader ultra-nationaliste a rassemblé 41 % lors du second tour contre Macron. Ils sont suivis par Os Republicanos, la formation de centre droit, qui gagne 13,7 %, tandis que l’extrême droite Reconquista reste à 3,9 % et ne voit même pas son chef, le commentateur télé Éric Zemmour, passer le second tour autour du cercle des St. Tropez.
Les projections ont été bien accueillies par les dirigeants de la NUPES. « Il y a quelques mois, la gauche était censée être morte et l’extrême droite semblait au bord du pouvoir ; maintenant, nous avons inversé les rôles et pris la tête dès le premier tour », a déclaré l’adjointe Clémentine Autain. Mélenchon s’est félicité de la « défaite du parti au pouvoir » et a appelé à un vote « massif » pour ses candidats de la coalition qui disputeront le second tour.
Du côté de la coalition actuellement au pouvoir, le discours était plus prudent et pointait vers le second tour. « Nous avons une majorité présidentielle solide et présente dans la quasi-totalité des contentieux du second tour, qui servira au moins d’éclaircissement », a déclaré à France 2 le ministre des Finances et candidat aux législatives, Gabriel Attal.
Macron a voulu réaffirmer la majorité absolue obtenue en 2017 par le parti qu’il venait de fonder, la République en marche. Depuis que la loi électorale a été amendée en 2002, modifiant l’ordre des élections présidentielles et législatives, aucun chef d’Etat français n’a eu à gouverner en « cohabitants », c’est-à-dire avec un exécutif soutenu par un autre parti. Auparavant, cette situation s’était présentée trois fois sous la Ve République (avec François Mitterrand et Jacques Chirac deux fois).
S’il ne parvient pas à obtenir une majorité parlementaire dimanche prochain, Macron devra négocier le soutien des députés du Parti républicain pour faire avancer son programme législatif. Dans le nouveau cadre issu du cycle électoral, la gauche dirigée par Mélenchon s’impose comme le principal bloc d’opposition au président.
Pendant la course présidentielle également, Mélenchon a lancé la campagne des élections législatives, appelant à voter dans la coalition de gauche pour contrebalancer le pouvoir présidentiel et mettre un frein aux initiatives contestées par certains secteurs sociaux, comme la réforme du système des retraites. Cependant, si le second tour confirme la primauté de Juntos dans les échecs parlementaires, la coalition de gauche ne pourra pas nommer le Premier ministre comme elle l’avait espéré.
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