Les troupes françaises quittent le Mali sous l’accusation de néo-colonialisme | Monde

Soldats français en patrouille à Gao le 9 février 2013. La présence française dans le pays a pris fin le 15 août 2022 — Photo : REUTERS/François Rihouay

Plus de neuf ans après avoir été reçus au Mali en tant que « sauveteurs » malgré la présence de groupes djihadistes, les militaires français ont achevé ce lundi 15 leur retrait du pays, dans une atmosphère d’amertume, avec les colonels au pouvoir et sous l’hostilité croissante de l’opinion publique. .

« Aujourd’hui, à 13 heures (heure de Paris), le dernier détachement de la force Barkhane présent sur le sol malien a franchi la frontière entre le Mali et le Niger. Il venait de la plate-forme d’opérations dans le désert de Gao et a été transféré cette année à l’armée malienne. Forces. matin », a annoncé l’armée française, heureuse que ce « grand défi logistique militaire » « ait été relevé dans de bonnes conditions et en toute sécurité ».

Ce retrait, ordonné le 17 février par le président Emmanuel Macron, met fin à près d’une décennie d’intervention militaire française au Mali, probablement la dernière bataille de cette ampleur depuis longtemps.

Macron salue les militaires

Dans un communiqué, le chef de l’Etat a salué le déploiement de militaires français « qui ont passé neuf ans à combattre des groupes terroristes armés sur le sol malien » et dont 59 « ont payé le prix de leur vie ».

« Leur sacrifice nous rappelle qu’au cours de ces années, nos soldats ont préservé l’unité du Mali, empêché l’établissement d’un califat territorial et combattu les groupes terroristes qui s’en prennent à la population locale et menacent l’Europe », a souligné Macron.

Son efficacité « pendant toutes ces années et jusqu’à ces derniers jours a été démontrée par la neutralisation de la plupart des chefs de la hiérarchie des groupes terroristes au Sahel », ajoute-t-il.

Dans une critique implicite des autorités maliennes à la suite de deux coups d’État, Macron réaffirme sa volonté de « poursuivre cet engagement aux côtés de tous les États qui choisissent de lutter contre le terrorisme et de respecter la stabilité et la coexistence entre les communautés » en Afrique de l’Ouest.

L’opération Serval a été lancée en janvier 2013 contre des groupes jihadistes qui avaient conquis le nord du pays et menaçaient d’avancer sur Bamako, la capitale, et a été suivie en août 2014 par l’opération Barkhane, ciblant les jihadistes dispersés dans la bande sahélo-sahélienne. , qui a mobilisé jusqu’à 5 500 hommes sur le terrain en 2020.

Le retrait français met fin à près d’un an de relations de plus en plus acrimonieuses entre Paris et les colonels au pouvoir à Bamako depuis le coup d’État contre le président Ibrahim Boubacar Keita en août 2020.

« Attitude néocoloniale »

Se tournant vers la Russie – et même en s’assurant les services du groupe paramilitaire russe Wagner, selon Paris et l’ONU – les colonels ont rompu les accords de défense avec la France et ses partenaires européens en mai après des mois d’obstruction à l’opération Barkhane.

Bamako, qui nie avoir fait appel à Wagner, a réprimandé le président français en juillet pour une « position néocoloniale », a déclaré le porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga, qui l’a accusé d’incitation à la haine ethnique pour ses critiques de l’armée malienne.

Il a répondu aux propos de Macron selon lesquels « les choix faits aujourd’hui par la junte malienne et sa complicité de fait avec la milice wagnérienne sont particulièrement inefficaces dans la lutte contre le terrorisme, qui n’est plus sa cible ».

Au Mali, disent les experts, la France était prise entre une logique politique qui la dictait de quitter le pays au plus vite et une logique d’efficacité militaire qui, au contraire, l’encourageait à rester jusqu’à la prise du pouvoir par les armées locales.

« On sait désormais, après l’Afghanistan, qu’une opération extérieure avec de nombreuses troupes occidentales sur le terrain ne peut pas durer éternellement », expliquait il y a quelques mois à l’AFP Alain Antil, spécialiste du Sahel à l’Institut français des relations internationales, en mettant l’accent sur  » les limites » des « grandes opérations, avec beaucoup d’hommes, beaucoup de présence sur le terrain et beaucoup de visibilité politique ».

Godard Fabien

"Twitter Practitioner. Alcohol Nerd. Music Enthusiast. Travel Expert. Troublemaker. Certified Creator."

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *