Twitter poursuivi par l’AFP pour utilisation de contenus sans paiement

Londres – Twitter, désormais appelé X, est poursuivi en justice par l’agence de presse française AFP (Agence France-Presse), qui a déposé ce mercredi (2) une demande d’ordonnance de justice visant à obtenir une compensation financière pour la diffusion de ses informations sur la plateforme.

L’action a été intentée à Paris, où se trouve le siège de l’agence de presse, l’une des plus grandes au monde. Dans une note, l’AFP affirme que X/Twitter doit indemniser l’entreprise au regard de la loi européenne sur les droits voisins, en vigueur depuis quatre ans.

Il s’agit d’un nouveau chapitre de la lutte des sociétés de presse contre les plateformes numériques, qui a commencé en Australie. Cette semaine, Meta a commencé à bloquer les informations sur Facebook au Canada, en réponse à une nouvelle loi adoptée dans le pays exigeant le paiement du contenu de la presse.

Twitter poursuivi pour droits voisins

Dans la note annonçant le procès, l’AFP « a exprimé son inquiétude face au refus clair de Twitter (récemment rebaptisé ‘X’ par son propriétaire, Elon Musk) de discuter de la mise en œuvre des droits voisins pour la presse ».

« Ces droits sont en place pour permettre aux agences de presse et aux sociétés de presse d’être rémunérées par les plateformes numériques, qui conservent l’essentiel de la valeur monétaire générée par la distribution de contenus d’information », indique le communiqué.

Dans les discussions sur les récompenses, les grandes plateformes affirment que l’actualité n’est pas leur objectif principal. Et ils soutiennent que les sociétés de journalisme bénéficient réellement de l’utilisation de leur contenu, avec un trafic accru et la capacité d’attirer des abonnés.

Parce qu’il compte un nombre d’utilisateurs bien inférieur à celui des autres Big Tech, Twitter n’a pas été un protagoniste dans cette bataille qui implique les gouvernements et les parlements. Google, Facebook et Instagram, tous deux de Meta, étaient les principales cibles.

L’AFP a montré sa volonté de porter le combat sur Twitter et de l’étendre à d’autres réseaux sociaux :

« En tant que principal défenseur de l’adoption des droits de la presse connexes, l’AFP reste fidèle à son engagement en faveur de cette cause, quatre ans après l’adoption de la loi.

L’action en justice engagée aujourd’hui contre Twitter s’inscrit dans la continuité de cet engagement. L’agence continuera à recourir aux recours juridiques appropriés avec chaque plateforme concernée pour garantir une répartition équitable de la valeur générée par le partage de contenu d’actualité.

Les gouvernements font pression sur les plateformes pour qu’elles paient pour le contenu

Le procès intenté par l’AFP contre Twitter/X est un procès individuel, mais des différends majeurs antérieurs, y compris en France, ont opposé des gouvernements.

En 2021, le régulateur français Google a infligé une amende de 500 millions d’euros après que les négociations entre les sociétés journalistiques et la holding Alphabet n’aient pas été satisfaisantes.

Huit mois plus tard, Google a conclu un accord avec une alliance de journaux du pays, payant l’utilisation des informations.

La voie a été ouverte par l’Australie, qui a fait face à des menaces de boycott de la part des plateformes en 2021 et a adopté une loi au Parlement établissant un mécanisme d’intervention en cas d’accord direct. Les accords se sont finalement concrétisés, tout comme en France.

En février, l’Italie a également réglementé la question, par le biais d’une règle publiée par le régulateur des télécommunications qui stipule que les médias soient « équitablement » rémunérés pour l’affichage de leur contenu dans les flux ou les recherches.

Il y a deux mois, le Canada a également adopté une loi similaire, que les réseaux sociaux considèrent comme plus stricte que celles des autres pays. Mardi dernier, Meta a confirmé qu’elle commençait à se conformer à la loi en bloquant les informations – et en ne payant pas pour leur utilisation.

Twitter est également poursuivi pour utilisation de contenu protégé par le droit d’auteur par l’Association nationale américaine des labels de disques musicaux, qui allègue une utilisation abusive de plus de 1 700 chansons publiées par des utilisateurs de Twitter sans licence.

Sharon Carpenter

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