Cette année, pour sa 46ème édition, le Festival du Film de la ville de Douarnenez, dans le nord-ouest de la France, à 590 km de Paris, rend hommage à la culture du Brésil, avec un accent particulier sur la littérature cordel. L’événement propose également des films, des conférences et des spectacles de musique brésilienne.
Isabelle Le Gonidec, Envoyée spéciale de RFI à Douarnenez
La plupart des livres exposés proviennent de la collection personnelle de Sylvie Debs, universitaire et spécialiste du cinéma brésilien qui suit plusieurs projections de films au festival, qui se termine samedi (24). « Charlemagne est connu au fond du Sertão Brésilienne grâce à la littérature cordellière », dit-elle.
Parmi les titres présentés, il y a des exemples qui racontent des histoires européennes ou religieuses, comme le martyre de Sainte Eugênia et le maléfique Barbe Bleue, mais aussi d’autres histoires plus locales, comme « L’histoire de Dona Mariquita » et de ses cinq maris décédés.
Des histoires qui « ont fini dans les valises des colons portugais » à Bahia, la première capitale de la colonie, explique Sylvie Debs dans le texte de l’exposition, et qui se sont ensuite « transformées en instrument de résistance et de protestation populaire ».
« Le cordel désacralise le rapport aux livres et à la littérature. Le langage informel, l’argot et la créativité linguistique dominent et caractérisent encore aujourd’hui cette pratique artistique », explique-t-il.
Le collectionneur raconte que cette littérature voyageuse arrivait en Europe depuis le Moyen-Orient via la péninsule ibérique et était ensuite transportée vers les colonies de l’autre côté de l’Atlantique.
Références classiques
Dans une interview avec RFISylvie Debs se souvient de sa rencontre avec Patativa do Assaré en 1995, lors d’un voyage à l’intérieur du Sertão, alors qu’elle travaillait déjà dans le cinéma brésilien.
Surnommé Camões do Sertão, il était à la fois « poète, chanteur, très engagé politiquement et auteur de cordels ». Déjà âgé et ayant des problèmes de vue, lorsqu’il l’a rencontrée, il a improvisé « un texte rimé pour me souhaiter la bienvenue, faisant l’éloge de la France ».
Il était agriculteur, explique Sylvie Debs. « Quand il travaillait sur le terrain, il composait mentalement ses répliques et développait ses rimes. Une fois les répliques en bouche, elles étaient retranscrites dans un cahier », raconte-t-il. « Il avait une mémoire phénoménale et connaissait plusieurs instrumentistes à cordes en plus de son propre répertoire : une tradition orale qui se transmettait de génération en génération et s’enrichissait aussi de génération en génération », raconte-t-il.
Les références classiques des cordels ont également inspiré plusieurs films nationaux, principalement de Nouveau cinéma par Glauber Rocha,. Parmi eux Dieu et le Diable au pays du soleil (1964), présenté au Festival de Douarnenez.
Le Fonds Raymond Cantel possède le plus grand nombre de cordels en France, avec plus de 5 000 œuvres. Du nom du professeur qui fut le premier universitaire étranger à s’intéresser à cette tradition, il est situé à l’université de Poitiers, à 350 km au sud-ouest de Paris.
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