Vingt ans de crise Le magazine des auteurs

Il y a vingt ans, le 21 avril 2002, à la fermeture des bureaux de vote pour le premier tour de l’élection présidentielle française, les téléspectateurs se figeaient à la première sortie des urnes.

Au second tour, l’adversaire du président Chirac n’était pas le Premier ministre Jospin, mais le candidat d’extrême droite du Front national, Le Pen.

Ce qui l’a emporté, c’est la surprise puisque la société française a connu un basculement du pouvoir entre la droite et la gauche à partir de 1981, dont le discours programmatique pré-électoral est démenti par une administration similaire de l’acquis réduit.

De Mitterrand à Chirac et de Sarkozy et Hollande à Macron, l’abandon des engagements pré-électoraux est absolument justifié, dicté par le dynamisme de la construction européenne, mais aussi de la mondialisation.

En 1995, Chirac, candidat de droite à la présidence, n’hésite pas à déjouer le candidat du Parti socialiste Jospin et s’engage à œuvrer à la restauration de la cohésion sociale, quitte à déroger au traité de Maastricht.

Chirac a annoncé un ensemble de mesures d’austérité majeures quelques mois après son élection au nom de la promotion de l’UEM et a dû faire face à une vague de grèves de trois mois qui a paralysé le pays.

Au printemps 1997, il a convoqué des élections législatives anticipées pour obtenir un nouveau mandat pour un vaste programme d’austérité et de changement structurel au nom de l’intégration européenne.

L’élection a été remportée par les socialistes, qui ont formé un gouvernement de coalition avec Chirac sous Jospin, la direction du gouvernement donnant toujours la priorité aux corrélations européennes et mondiales et faisant pression sur la société.

Le lancement de Lepen en 2002 est né de ce scénario ci-dessus.

Quelques jours après le choc du 21 avril 2002, l’élite politique française continuait de s’annuler avec la dimension de plus en plus intense entre rhétorique communicationnelle et recette managériale à sens unique.

De Sarkozy à Hollande en passant par Macron, les électeurs ont lentement réalisé que seul un vote d’avertissement pour une dévaluation totale du système politique pouvait changer de cap.

Nous en sommes donc arrivés à 2017, où le second tour des élections présidentielles a été à nouveau comme en 2002 une démonstration de la révérence démocratique contre le candidat du Front National, Lepen.

La France est appelée à renoncer à sa propre alternative au modèle anglo-saxon du capitalisme.

En France, l’État a toujours joué un rôle intrusif dans l’économie depuis l’époque de Louis XIV.

Non seulement l’État a garanti la paix sociale par des interventions correctives qui ont défini les inégalités sociales croissantes, mais aussi un homme d’affaires qui ne prône pas le profit immédiat, mais a osé faire des investissements risqués.

Le modèle français d’une plus grande intervention de l’État s’appelait « colbertisme », du nom du ministre des Finances de Louis XIV, Colbert.

Bref, la crise politique qui a atteint son paroxysme ces vingt dernières années s’explique par le refus d’une partie croissante de la société française de considérer la modernisation et l’adaptation à l’intégration européenne et à la mondialisation comme une modernisation et comme une adaptation à l’intégration européenne et d’accepter la mondialisation , l’effondrement du modèle français, que les anglo-saxons méprisent, l’exception française.

Dans ce scénario, les électeurs sont invités à choisir Macron ou Lepen au second tour des élections, comme en 2017.

Le concours sera apparemment jugé par ceux qui choisiront de s’abstenir, seule façon de répondre « ni » à la question « Lepen ou Macron ? ».

Godard Fabien

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