Il a aussi perdu la moitié du droit qu’avait M. George Katrougalos dans l’analyse qu’il a faite dimanche soir sur les résultats des élections françaises (ERT, 10.4.2022). Le député de SYRIZA a emboîté le pas : le néolibéralisme est responsable de Marin Le Pen et de la montée des forces populistes en Europe.
Mme Anna Diamantopoulou a souligné à juste titre que l’économie française est l’une des plus « anti-néolibérales », avec des dépenses publiques pouvant atteindre 60 % du PIB. La France a également l’un des taux d’imposition les plus élevés au monde et des relations industrielles très réglementées. La question principale, cependant, est une autre : pourquoi ce mécontentement à l’égard du « néolibéralisme » n’est-il pas récolté par la gauche éminemment « anti-néolibérale », mais plutôt amplifié par l’extrême droite ?
L’incertitude financière est l’un des facteurs de mécontentement du public à l’égard des partis traditionnels, que nous voyons atteindre des creux historiques. Mais malgré l’ascension impressionnante du candidat anti-systémique de gauche, Jacques-Lick Melanson (22 %), il est derrière le (lui aussi anti-systémique de droite) Marin Le Pen (23,1 %).
L’insécurité des citoyens ne s’arrête pas aux finances. Elle s’étend à d’autres domaines de la société comme l’immigration. Les changements les plus rapides apportés par la technologie – par exemple, des voyages moins chers et donc une migration plus facile – créent également de l’incertitude pour les citoyens, qui étaient habitués à vivre dans des sociétés homogènes. Les électeurs de ces partis ne sont pas nécessairement d’extrême droite. Le fascisme et le nazisme en tant que proposition politique ont été éteints à Piazzale Loretto (où les rebelles ont pendu Benito Mussolini) ou enterrés dans les ruines de la chancellerie en 1945. La grande majorité des citoyens européens savent à quel point ces régimes sont horribles et inefficaces. Les Français ont préféré la version allégée de l’extrême droite (comme Marin Lepen est apparu cette année) à l’encore plus extrême Eric Zemour. Pour la même raison, l’Aube dorée s’est éteinte quand la colère s’est apaisée, mais nous ne nous sommes pas retrouvés avec l’extrême droite en Grèce.
Le problème est que l’extrême droite offre un paquet complet d’illusions comme un baume à l’insécurité des citoyens. Il propose un état paternaliste non seulement dans l’économie, mais sur toutes les questions contemporaines affectant les sociétés, de l’immigration aux droits des minorités. La montée de l’extrême droite n’est qu’un symptôme de l’insécurité vécue par les citoyens.
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