Par Manolis Kapsis
Popularité : Quand Euclid Tsakalotos a reconnu Alexis Tsipras comme qualificatif, populisme et tactique, on a rigolé. Sont-ce là ses qualités ? Quels sont donc les défauts ? Et pourtant, bien sûr, le populisme est une qualification en politique. Il vous permet de rester en contact avec les électeurs. Ne perdez pas contact avec la société. Même si certains font semblant. Comme Nikos Marantzidis l’avait justement noté à propos d’Andreas Papandreou, Andreas a caché avec diligence son ascendance bourgeoise et ses bonnes études en Amérique afin que les électeurs le sentent comme le leur, s’identifient à lui émotionnellement. Sentir qu’il est l’un d’entre eux. Emmanuel Macron n’a pas pu éviter l’arrogance qui accompagne souvent les dirigeants intelligents, performants et talentueux. Comme Kyriakos Mitsotakis, il ne cache pas sa supériorité technocratique, les valeurs et l’esthétique d’une élite mondialisée. Dans une partie de l’opinion publique, cela est perçu comme une incapacité à aborder et à ressentir les problèmes de l’homme ordinaire.
Le point médian : Marine Le Pen pourrait gagner l’élection parce qu’elle n’est plus considérée comme la politicienne d’extrême droite -presque fasciste- qui isolera la France du reste du monde. Ses positions sur l’immigration, les musulmans ou la sécurité, pour une Europe et un monde unis, sont devenues monnaie courante dans la campagne électorale, tandis que d’autres candidates ont adopté son propre programme pour éviter les fuites vers l’Alarme nationale. La candidature de Zemour et ses positions extrêmes ont rendu Marine Le Pen presque médiocre. L’analyse, bien que correcte, cache la tentative persistante de Le Pen, remontant à l’époque où il est entré en conflit avec son père apparemment clairement fasciste, Jean-Marie Le Pen, d’adopter des positions plus centristes et un programme modéré, qui effraient les Français. électeur. Le virage vers le centre, la transformation du Front National en un parti quasi mainstream, a porté ses fruits. Si ça fait encore peur à beaucoup de monde, c’est parce que quoi qu’on veuille, on a du mal à oublier l’origine de la fête. Alexis Tsipras n’a pas réussi à le faire avec SYRIZA, la version de gauche du courant populiste et anti-systémique. Le virage vers le centre est incomplet et il est difficile d’oublier et de souhaiter son accomplissement désastreux lorsque SYRIZA était au pouvoir.
Le dilemme : si Emmanuel Macron a un espoir de remporter la présidentielle au second tour, malgré ses réserves limitées, c’est parce que le Front démocrate risque de s’activer pour que Marine Le Pen ne soit pas élue présidente de la république. Le front anti-Le Pen, bien que moins présent que lors de la précédente élection présidentielle, pourrait donner la victoire à Macron. Kyriakos Mitsotakis posera son propre dilemme lors de l’élection. Le retour au pouvoir du parti d’Alexis Tsipras ne constitue certes pas une menace pour le fonctionnement de la République, mais il constitue une menace pour ce que les citoyens considèrent comme normal et un obstacle au processus de développement et de reconstruction économique. Plus lié au style et à la rhétorique de la gauche radicale, à l’ethos de l’exercice du pouvoir en 2015-2019, le front anti-SYRIZA pourrait permettre à Kyriakos Mitsotakis de retrouver son autonomie. Pour que – tout simplement – SYRIZA ne revienne pas au pouvoir.
Précision : Les réalisations d’Emmanuel Macron en politique étrangère lui ont peut-être permis d’accroître son poids électoral peu avant l’élection, mais elles se sont largement estompées de la vague de désagréments causée par la précision et les réformes des assurances chez le Français moyen. Kyriakos Mitsotakis se rend aux urnes avec d’importants succès en matière de politique étrangère et de défense. Cependant, les bonnes performances dans les relations avec la Turquie et sur la migration ne peuvent compenser la détérioration des factures d’électricité et de gaz, la hausse des prix alimentaires et la hausse de l’inflation.
Partis traditionnels : Ce qui impressionne dans les élections françaises, outre la performance de Marine Le Pen, c’est la quasi-disparition des deux partis traditionnels qui dominaient la France depuis les années 1970. Les néo-Gols n’ont même pas approché le seuil des 5%, ce qui signifie qu’ils n’ont pas droit au financement de l’État et en plus de la défaite écrasante, ils sont aussi au bord de la faillite. Les socialistes avaient presque disparu. Macron et Le Pen les ont tous deux rayés de la carte. Nous sommes allés de l’avant en Grèce. Les partis traditionnels ont touché le fond en 2012, lorsque le pays a fait faillite et que les électeurs pensaient que la Grèce pouvait être restaurée avec des solutions magiques proposées par des partis excentriques et anti-systémiques comme SYRIZA, Chrysi Avgi et ANEL. Il a fallu le douloureux rejet des espoirs offerts par les mages improvisés pour trouver un équilibre relatif. Espérons que la France l’évite…
Droite – Gauche : Les catégories traditionnelles ne nous aident plus à comprendre le comportement électoral. Par exemple, les électeurs (présumés) de gauche de Melanson se feront couper les cheveux au deuxième tour. Certains voteront pour Macron, tandis que Le Pen et les autres s’abstiendront. Comme l’ont montré les sondages précédents, une grande partie des électeurs de longue date du Parti communiste français, autrefois prospère, votent pour le Front national. Le Pen et son succès rappellent plus Trump que la vieille extrême droite du vieux continent. Kyriakos Mitsotakis a déclaré avant-hier que la confrontation dans les sondages grecs ne sera pas une bataille entre la droite et la gauche. Mais une bataille entre le progrès et l’application, le bien (qui est aussi progressiste) et le mal qui est conservateur.
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