France : Tinder au service de la République Politique DW

Plus de 200 ans se sont écoulés depuis la Révolution française et on peut dire que la République en France a connu des jours meilleurs. Les jeunes électeurs, en particulier, semblent indifférents à la lutte électorale. L’été dernier, lors des élections régionales, le taux d’abstinence des 18-25 ans a dépassé toutes les attentes négatives, atteignant 87%. Autrement dit, près de neuf jeunes électeurs sur dix ne voulaient même pas se rendre aux urnes.

Mais aussi lors des dernières élections législatives, en juin 2017, le ministère français de l’Intérieur avait établi un nouveau record d’abstention pour tous les électeurs. Au premier tour, moins de 50% s’étaient rendus aux urnes pour élire les nouveaux membres de l’Assemblée nationale française. Jusqu’à présent, les partis politiques n’ont pas trouvé de solutions pour remédier à l’indifférence des électeurs. C’est désormais l’ONG « A voté » qui propose une solution, en collaboration avec… Tinder, la célèbre plateforme de rencontres en ligne.

Obsolète listes électorales

Tinder peut-il persuader les jeunes électeurs français d’aller aux urnes ?

Un problème majeur lors des élections législatives de 2017 était que plus de sept millions d’électeurs étaient inscrits pour voter. L’adresse résidentielle en particulier n’a pas été mise à jour pour beaucoup, de sorte qu’ils n’ont pas pu voter dans leur nouveau lieu de résidence. Le problème était particulièrement aigu chez les jeunes, qui ont peut-être quitté le domicile parental il y a des années, mais dont la nouvelle adresse ne figurait pas sur les bulletins de vote. Le vote ne se fait pas par correspondance.

Dans les semaines à venir et jusqu’aux élections, Tinder tentera de faire venir l’application… valorisée par des millions d’utilisateurs. Quiconque se connecte à son profil verra une notification indiquant : « Si vous vous préparez pour un rendez-vous près de chez vous, rendez-vous dans les bureaux de vote près de chez vous. Ce post contient un lien vers le site de l’ONG « A voté », qui fournira plus d’informations sur la mise à jour des listes électorales. « La saisie d’informations incorrectes est un obstacle à la participation aux élections et nous voulons mettre cet obstacle de côté », a déclaré Dorian Draig, l’un des fondateurs d’A voté.

Dans une deuxième étape de la campagne, l’accent n’est pas mis sur les listes électorales, mais sur les électeurs eux-mêmes. Les utilisateurs de Tinder recevront une nouvelle notification qui se lit comme suit : « Votre vote compte. Ne trahissez pas vos convictions. » De plus, « A voté » leur rappelle qu’ils peuvent voter par l’intermédiaire d’un mandataire. Cela signifie simplement que s’ils ne modifient pas leurs informations d’inscription sur les listes électorales, ils peuvent au moins informer leurs parents afin qu’ils puissent voter pour eux dans une circonscription qui correspond à leur ancienne adresse.

Il y a un intérêt croissant pour la politique

Emmanuel Macron

Pourtant, Tinder n’a pas voulu participer à la campagne d’Emanuel Macron

Le porte-parole de Tinder, Benjamin Puigrenier, semble optimiste quant au succès de la campagne. Il prétend même que l’intérêt des jeunes pour la politique a considérablement augmenté ces derniers temps, du moins c’est ce qu’ils disent dans leur profil. « Au cours des 12 derniers mois, la politique est apparue de plus en plus dans l’intérêt de nos membres », note-t-il. « Plus précisément, les rapports pertinents ont augmenté de 59 %. »

Dans un récent sondage, 59 % des électeurs âgés de 18 à 30 ans se sont dits réticents à se rendre aux urnes lors du premier tour des élections du 10 avril. Mais Tinder ne dépose pas ses armes. En outre, il a déjà l’expérience de mouvements similaires en vue d’élections aux États-Unis, au Brésil, en Grande-Bretagne et en Allemagne. De son côté, l’ONG « A voté » va s’associer au groupe Meta et recruter un chatbot qui motivera les utilisateurs de WhatsApp à vérifier leurs données dans les listes électorales. Cependant, d’un autre côté, toutes les plateformes évitent de participer à des polémiques partisanes ou même d’éveiller les soupçons. Lorsque la jeunesse du parti du président Emanuel Macron est récemment apparue sur Tinder pour tenter d’attirer les électeurs, la plateforme a non seulement exprimé son désaccord mais a également menacé les responsables de supprimer leur compte.

Andréas Nolo

Edité par : Giannis Papadimitriou

Godard Fabien

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