La justice française enquête sur le procès d’anciens bananiers nicaraguayens victimes de pesticides

Un tribunal de Paris a examiné lundi le procès de quelque 1.200 anciens producteurs de bananes nicaraguayens qui réclament en France l’exécution d’un jugement obligeant les entreprises américaines à leur verser des indemnités de millionnaires pour les effets d’un pesticide.

En 2006, le système judiciaire nicaraguayen a ordonné à Shell, Dow Chemical et Occidental Chemical de payer à ces anciens producteurs de bananes 805 millions de dollars, qui n’ont jamais été indemnisés, pour les effets sur la santé de l’utilisation du pesticide DBCP.

Bien qu’ils aient été confirmés en cassation au Nicaragua des années plus tard, les plaignants ont porté l’affaire devant la France en 2018 dans le cadre de la procédure « d’exequatur », qui interdit l’application dans ce pays et dans l’Union européenne (UE) d’une décision de justice étrangère rendue possible.

« Je crois que la justice française rendra justice et satisfera la peur et l’espoir de ces victimes nicaraguayennes », a déclaré à la presse son avocat nicaraguayen, Gustavo Antonio López Argüello, à l’issue des trois heures d’audience. †

Si le tribunal de première instance français accepte l’exécution du jugement, les actifs de ces trois groupes agrochimiques pourraient être saisis pour payer des dommages et intérêts. La décision, prévue pour le 11 mai, peut faire l’objet d’un recours.

Lors de leurs plaidoiries, les avocats des agriculteurs, Pierre-Olivier Sur et Clara Gérard-Rodriguez, ont défendu le pouvoir de la justice française de statuer sur une affaire qui, selon eux, n’était pas prescrite.

De leur côté, les avocats des sociétés ont fait valoir que le pouvoir judiciaire ne peut pas statuer et ont fait valoir que le droit de la défense avait été violé lors du procès au Nicaragua, ce qui, selon eux, était une « fraude ».

« Une telle ampleur des violations des droits de la défense est inhabituelle », a déclaré l’avocat de Dow Chemical, Jacques-Alexandre Genet, qui a qualifié de « discriminatoire » une loi de 2001 visant à « faciliter » le traitement des poursuites DBCP au Nicaragua.

La défense, qui a assuré que les trois sociétés condamnées « n’ont jamais été présentes au Nicaragua », a également souligné qu’en 2009 un juge californien avait dénoncé une « escroquerie » d’avocats avec « l’implication » de la justice nicaraguayenne dans ce scandale.

Le DBCP, un pesticide interdit aux États-Unis en 1977 et commercialisé au Nicaragua sous le nom de Nemagón ou Fumazone jusqu’en 1983, a fait l’objet de nombreux procès en Amérique latine.

Ce produit est accusé de causer le cancer et l’infertilité. Les risques pour l’homme ont été reconnus en 1977 après la découverte de nombreux cas d’infertilité chez des ouvriers d’une usine en Californie.

tjc/mo

Philbert Favager

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