Législatives 2022

Après la gifle des courses autoritaires, où les macronistes n’ont pas eu carrément plus de part, le chef du gouvernement se retrouve désormais dans une situation difficile.

*Elisabeth Borne a été sélectionnée à Matignon après la reconduction d’Emmanuel Macron à l’Elysée.
*Lors du second tour des décisions administratives, le camp officiel n’a pas acquis une part nette plus importante.
*Cette déroute a affaibli le Premier ministre, qui se retrouve dans une situation difficile, un mois après son arrangement.

On l’a écouté avec prudence jeudi soir, pourtant Emmanuel Macron n’a jamais fait référence au nom d’Elisabeth Borne lors de son discours aux Français. Depuis le second tour de décisions réglementaires, le chef de l’Etat est parti seul au front pour trouver une sortie de l’urgence qui secoue le pays. Affaibli par l’absence d’une part carrément majoritaire à l’Assemblée nationale, le Premier ministre a fini par s’en désintéresser, regardant depuis Matignon le président obtenir des pionniers de la résistance.

Son renoncement lundi – comme il est d’usage après cette décision politique – a été décliné par le président. Pourtant, un mois seulement après son arrangement, la chef du gouvernement reste dans une situation difficile. « Je ne me pose pas ce genre d’enquêtes, je fais un geste », a-t-elle vidé jeudi soir sur LCI.

Feu ennemi… et partenaires
En tout cas, à droite comme à gauche, quelques autorités ont fait intervenir tardivement l’ancienne ministre du Travail pour qu’elle renonce à sa couverture. « En tant que Premier ministre, Elisabeth Borne est à la tête de l’alliance officielle. Elle a perdu les courses administratives et doit par conséquent partir », nous garantissait mercredi Philippe Ballard, le nouveau délégué RN de l’Oise, lors de son entrée à l’Assemblée. « Cette dame n’a aucune authenticité, zéro ! Nous brûlons notre temps, jusqu’à ce qu’elle parte », a ainsi réprimandé Jean-Luc Mélenchon, le superviseur de La France insoumise.

Elisabeth Borne a tout de même remporté une première décision politique sur son nom, dimanche soir, dans le 6ᵉ vote démographique du Calvados, en Normandie. Pourtant, le score serré de la forme des sondages (52,47%) voire plus de l’ensemble, le manque à gagner notable d’une part relativement plus importante pour l’alliance officielle, ont ressuscité l’analyse du profil aussi « techno » du polytechnicien de 61 ans. Parmi ses rivaux, c’est un jeu équitable, mais Elisabeth Borne est également passée sous le feu des Alliés.

Le puissant François Bayrou a envoyé une projection décente, mercredi sur France enterrer. « L’époque attend que le Premier ministre ou le Premier ministre soit politique, qu’on n’ait pas le penchant que c’est la méthode qui administre la nation », balançait le patron du Modem, sans trop de nuances. « Il est personnellement le Premier ministre le plus politique, n’est-ce pas ? », s’amuse avec 20 Minutes François Patriat, le responsable des marcheurs au Sénat. « Cela a été récemment affirmé par le président, qui n’a jamais été hors de propos quant à la sélection de ses principaux chefs d’État. Nous ne devrions pas censurer ses objectifs avant qu’elle ait eu la possibilité de travailler devant le Parlement. Veuillez ne pas ajouter d’urgence à urgence… », ajoute ce cher compagnon d’Emmanuel Macron.

« Elle a des caractéristiques, mais elle n’a peut-être pas le mode de vie de la bataille politique »
En ces temps incertains, l’autorité publique n’est pas certaine d’avoir la possibilité de voter ses futurs projets de loi. Bien qu’il soit vraisemblablement important de rechercher des votes avec des dents dans l’hémicycle, l’inquiétude demeure parmi des individus spécifiques de la plupart. « Elle a des qualités évidentes, mais elle n’a peut-être pas le style de vie de la bataille politique », souffle un délégué du MoDem. « Il est en plus éduqué, c’est peut-être le souhait du président de lui laisser une autre chance… »
Sur Matignon, il fallait immédiatement dédouaner les pontes. D’un ton passionné, comme pour dire que nous savions aussi comment patauger dans la polémique. « Dire qu’Elisabeth Borne serait une professionnelle alors qu’elle a servi pendant une durée considérable et qu’elle a fait des changements gênants et focaux au cours du dernier mandat de cinq ans est gênant. Tout le monde perd ses nerfs », a murmuré tout le monde autour de lui mercredi à BFMTV.

L’individu inquiet, pour autant que cela compte pour elle, a expliqué sur LCI ne pas « se sentir désignée par cette analyse », montrant qu’elle avait « eu la chance inouïe de rendre compte d’elle-même auprès de François Bayrou ». Le chef du gouvernement était également sur le terrain avant ce jeudi, en visite publique au conseil d’administration du gaz en Ile-de-France. Insouciant quelles que soient les circonstances gênantes à l’Assemblée et les agressions. « Les Français attendent des réponses, notamment sur la question de l’énergie et du pouvoir d’achat. L’autorité publique reste donc d’un côté complètement activée sur ces besoins, et parallèlement, elle procède à des consultations auprès de chacun des pouvoirs politiques », démontre Maud Bregeon, représentant Ensemble ! des Hauts-de-Seine, qui accompagnait Elisabeth Borne ce jeudi.

La Première ministre a profité de cette excursion pour signaler qu’elle obtiendrait de l’assemblée des présidents « aujourd’hui et demain » qu’elle « nous permette de continuer à décider des textes » à l’Assemblée nationale. Alors que sa cote de notoriété a chuté en juin selon un sondage Ifop-Fiducial diffusé mardi (- 7 focus, à 41 %), Elisabeth Borne s’est rendue à Paris Match cette semaine pour tenter de revenir rapidement et de casser le tableau « techno ». » qui adhère à sa peau.

L’objectif : reprendre la main, avant son énoncé de stratégie générale, prévu pour le 4 juillet. Son destin à Matignon pourrait s’y fixer par une manifestation de soutien positif, comme le croit la résistance, peu importe si rien n’oblige Elisabeth Borne à se soumettre à ce vote. Sur LCI, elle s’est soustraite à l’enquête, montrant qu’elle n’avait pas encore « choisi ce point ». Son discours sur le fond et le cadre sera attendu avec enthousiasme et presque certainement observé attentivement au sommet le plus remarquable de l’État.

Godard Fabien

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