Les troupes françaises quittent le Mali sous l’accusation de néocolonialisme | Monde

Plus de neuf ans après avoir été reçus au Mali en « sauveurs » face à la présence de groupes djihadistes, les militaires français ont achevé ce lundi (15) leur retrait du pays, dans un climat d’amertume, avec les colonels au pouvoir et sous l’hostilité croissante de la population.

« Aujourd’hui à 13h00 (heure de Paris), le dernier détachement de la Force Barkhane, présent sur le sol malien, a franchi la frontière Mali-Niger. Celui-ci provenait de la plate-forme opérationnelle Désert de Gao, qui a été remise aux Forces armées maliennes. « , l’armée française s’est félicitée que ce  » défi logistique militaire majeur  » ait été  » relevé dans le bon ordre et en toute sécurité « .

Ce retrait, ordonné le 17 février par le président Emmanuel Macron, met fin à près d’une décennie d’intervention militaire française au Mali, probablement le dernier engagement de cette ampleur depuis longtemps.

Dans un communiqué, le chef de l’Etat a salué les efforts des militaires français « qui ont lutté contre les groupes armés terroristes sur le sol malien pendant neuf ans » et dont 59 « ont payé le prix de leur vie ».

« Leur sacrifice nous rappelle qu’au cours de ces années, nos soldats ont préservé l’unité du Mali, empêché l’établissement d’un califat territorial et combattu des groupes terroristes s’attaquant à la population locale et menaçant l’Europe », a souligné Macron.

Son efficacité « tout au long de ces années et jusqu’à ces derniers jours a été démontrée par la neutralisation de la plupart des chefs de file de la hiérarchie des groupes terroristes au Sahel », a-t-il ajouté.

Dans une critique implicite des autorités maliennes à la suite de deux coups d’État, Macron réaffirme sa volonté de « poursuivre cet engagement avec tous les États qui choisissent de lutter contre le terrorisme et de respecter la stabilité et la coexistence entre les communautés en Afrique ».

L’opération Serval a été lancée en janvier 2013 contre des groupes djihadistes qui avaient conquis le nord du pays et menaçaient d’avancer vers Bamako, la capitale, et a été suivie en août 2014 par l’opération Barkhane, ciblant les djihadistes dispersés dans le Sahel-Sahara, qui se sont mobilisés jusqu’à à 5 500 hommes sur le terrain d’ici 2020.

Ce retrait français met fin à près d’un an de relations de plus en plus âpres entre Paris et les colonels au pouvoir à Bamako depuis le coup d’État contre le président Ibrahim Boubacar Keita en août 2020.

Les colonels, qui se sont tournés vers la Russie – et, selon Paris et l’ONU, ont même obtenu les services du groupe paramilitaire russe Wagner – ont rompu les accords de défense avec la France et ses partenaires européens en mai après des mois à contrecarrer l’opération Barkhane.

Bamako, qui nie avoir fait appel à Wagner, a réprimandé en juillet le président français pour une « attitude néocoloniale », a déclaré le porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maiga, qui l’a accusé d’incitation à la haine ethnique pour ses critiques de l’armée malienne.

Il a répondu aux propos de Macron selon lesquels « les choix faits aujourd’hui par la junte malienne et sa complicité de fait avec la milice wagnérienne sont extrêmement inefficaces dans la lutte contre le terrorisme, qui n’est plus son objectif ».

Pour les experts, au Mali, la France se trouvait prise entre une logique politique qui dictait son départ au plus vite et une logique d’efficacité militaire qui, au contraire, l’encourageait à rester jusqu’à l’arrivée au pouvoir des armées locales.

« Nous savons désormais, après l’Afghanistan, qu’une opération extérieure avec de nombreuses troupes occidentales sur le terrain ne peut pas durer éternellement », a déclaré il y a quelques mois à l’AFP Alain Antil, expert du Sahel à l’Institut français des relations internationales, soulignant « les limites ». . de « grandes opérations, avec beaucoup de troupes, beaucoup de présence au sol et beaucoup de visibilité politique ».

Godard Fabien

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