Une française crée un réseau de soutien pour d’autres mères bipolaires au Brésil | métropoles

Le trouble bipolaire, également connu sous le nom de trouble maniaco-dépressif, est une affection caractérisée par des sautes d’humeur soudaines. Date de Association brésilienne des troubles bipolaires (ABTB) révèlent que le nombre de personnes touchées dans le pays pourrait atteindre 6 millions. Le problème, toujours incurable, est plus fréquent chez les femmes.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le trouble bipolaire touche 140 millions de personnes dans le monde

Pour les mamans et futures mamans, le défi est encore plus grand. « Le cycle de reproduction d’une femme est caractérisé par diverses fluctuations hormonales. Des études montrent que cela peut être un facteur les prédisposant à une prévalence plus élevée de troubles de l’humeur en période de procréation par rapport aux hommes », explique la psychiatre Mônica Melo.

Face aux barrières de la maladie avec un enfant dans les bras ou dans le ventre, nombre de ces figures féminines souffrent en silence. C’est pourquoi Christelle Maillet, une Française vivant au Brésil et diagnostiquée bipolaire, est la Mères avec des humeursun espace pour parler du sujet en plus d’accueillir les victimes.

A l’occasion de la Journée mondiale des troubles bipolaires, célébrée ce jeudi (30/3), le métropoles raconte l’histoire inspirante de Christelle Maillet, fondatrice du projet Mothers with Moods

Bien que l’initiative soit née en 2019, le combat de Christelle contre les troubles mentaux a commencé dès son enfance, alors qu’elle était aux prises avec une dépression. Aujourd’hui, à 42 ans, elle se souvient de ce que c’était que d’apprendre qu’elle souffrait également d’un trouble bipolaire.

« Mon état a commencé par une crise de dépression à l’âge de 24 ans, découverte par un médecin généraliste. Au fil du temps, la situation s’est aggravée avec de nouvelles crises, jusqu’à ce qu’entre 28 et 30 ans, j’ai commencé à chercher des psychiatres, des spécialistes qui m’ont diagnostiqué un trouble bipolaire », rapporte le résident brésilien de 20 ans.

Pour elle, recevoir le diagnostic était un mélange de désespoir et de soulagement. « C’est une maladie terrifiante car elle est entourée de préjugés. Pendant mes études, cependant, j’ai ressenti un peu plus de soulagement, car j’étais capable de mettre un nom sur ce que je ressentais, mais je ne comprenais pas. J’ai appris que c’est une maladie neurobiologique qui peut faire des ravages si elle n’est pas traitée », révèle-t-il.

« Le trouble bipolaire est une véritable maladie du cerveau. Ce n’est pas des mauvaises manières », dit Christelle Maillet

Impact du diagnostic sur la vie de Christelle

Christelle est atteinte d’un trouble bipolaire de type II, caractérisé par une alternance d’épisodes dépressifs et d’hypomanie (un état anormal d’euphorie), comme l’explique la psychologue Lorena Lucena. « La bipolarité se caractérise par des sautes d’humeur, qui peuvent aller d’un extrême à l’autre. Les symptômes les plus courants chez les mères que j’ai vues sont la dépression, l’impuissance et l’inquiétude excessive », énumère-t-il.

Dans le cas de Christelle, la maternité était ce qu’elle désirait le plus. Cependant, le rêve de devenir mère s’est accompagné de défis car ses plans ne se sont pas déroulés comme prévu.

« La grossesse était très planifiée, notamment en travaillant avec le psychiatre pour changer la médication. Mais rien ne s’est passé comme je l’avais rêvé. J’ai souffert d’une grave dépression post-partum qui a commencé pendant la grossesse, ainsi que de symptômes d’anxiété », se souvient-elle.

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Malgré un réseau de soutien, il a fallu des mois à Christelle pour se stabiliser après sa grossesse.
Après avoir reçu un nouveau traitement médicamenteux, elle a commencé à apprécier et à faire face à la maternité

Christelle Maillet avec sa fille Chloé
Christelle Maillet à la campagne de sensibilisation à la santé mentale maternelle

Christelle anime également des ateliers sur le thème

Selon Christelle, faire face à la maternité n’a pas été facile. « Je me sentais très seule, honteuse, effrayée et coupable de mes sentiments pour le bébé, parce que je ne pouvais pas me connecter émotionnellement avec elle ni pendant la grossesse ni dans les premières semaines après l’accouchement », avoue-t-elle.

Mères avec des humeurs

Après avoir vécu une grossesse délicate, Christelle a donné naissance à Chloé, aujourd’hui âgée de 5 ans. La Française a reçu le soutien de professionnels et d’amoureux à l’époque. Pourtant, des informations de qualité sur la santé mentale maternelle faisaient défaut, en particulier pour les patientes atteintes de trouble bipolaire.

C’est alors qu’elle décide d’aider d’autres femmes dans la même condition et crée le projet Mères avec des humeurs. Christelle y produit du contenu, anime des cercles de discussion et organise des événements, des conférences et des ateliers avec des spécialistes du domaine.

« L’objectif de l’initiative est d’accueillir, d’aider et d’accompagner les mamans et futures mamans pour sensibiliser, prévenir et prendre soin de soi autour de la santé mentale et des troubles de l’humeur maternels », souligne la Française.

La fondatrice du projet gère également un groupe de soutien en ligne gratuit pour les mamans et les futures mamans souffrant de dépression ou de trouble bipolaire. L’espace permet l’échange d’expériences et l’acceptation mutuelle entre les participants. L’idée est de promouvoir la sensibilisation, la prévention et l’autogestion de la santé mentale maternelle.

« De cette façon, je donne une voix aux femmes qui n’ont pas d’espace sûr pour se défouler et échanger leurs expériences. Le groupe se déroule dans une réunion virtuelle en direct, avec inscription préalable et sans participants fixes. Je fais la médiation et les problèmes viennent des besoins des femmes », explique Christelle.

Acceptation, empathie et apprentissage

La création du projet Mães com Humores a marqué la vie de Christelle, qui tente de briser les préjugés sur la maladie mentale. Selon elle, l’échange entre les femmes qui veulent devenir mères et celles qui le sont déjà est très riche et bénéfique. L’empathie et la gratitude sont quelques-uns des sentiments éprouvés par les participants.

« Ce qui m’émeut et montre l’importance du projet, ce sont les témoignages des participants. C’est formidable de pouvoir planifier votre grossesse et d’obtenir suffisamment d’informations pour vous préparer à l’agitation que devient une mère. Ceux qui se sont stabilisés apportent également un message d’espoir à ceux qui se battent encore », dit-il.

Grâce à Mães com Humores, Christelle a trouvé un sens à la vie : « C’est très excitant et gratifiant de voir l’impact de cette initiative sur les femmes. Ma mission est d’aider les mères et les futures mères à faire face au trouble bipolaire.

L’autre côté de la relation : qu’est-ce que ça fait d’avoir une mère bipolaire ?

Les sautes d’humeur peuvent perturber les relations sociales des patients diagnostiqués avec la maladie. Par exemple, vivre avec des parents à la maison peut empirer. Une jeune femme, qui préfère ne pas être identifiée, décrit ce que c’est que de vivre avec une mère bipolaire.

« Elle n’a jamais accepté le diagnostic. C’était toujours quelque chose qu’elle voulait ignorer, comme si c’était quelque chose dont elle avait honte. Vous ne voulez pas traiter par choix. Le sentiment de n’être jamais sûr de rien est désespérant, car en même temps que quelque chose va bien, ça peut changer comme ça par sa volonté. D’une certaine manière, le trouble a un impact important sur les personnes qui l’entourent, en particulier les enfants », dit-il.

Comme les femmes, surtout les mères, vivent dans un contexte de surcharge, les situations de grande irritabilité et de fatigue sont naturalisées par la société. « Souvent, l’accent est mis sur le souci de l’autre. Comprendre qu’on ne va pas bien peut prendre du temps avant d’être compris », souligne la psychologue Lorena Lucena.

Demander de l’aide est donc essentiel pour mentretenir de bonnes relations.

« Il y a beaucoup de femmes qui traversent le même défi de faire face à la maternité avec la bipolarité. Mon expérience, comme beaucoup d’autres, est que nous ne pouvons pas abandonner. Il n’y a pas de remède à la maladie, mais il existe des traitements et des soins. Nous pouvons réaliser nos rêves », conclut Christelle.

Savoir où trouver d’autres types d’aide

En plus du projet Mothers with Moods, il existe d’autres ressources sur la santé mentale maternelle et le trouble bipolaire. Voir ci-dessous les options pour trouver de l’aide :

Philbert Favager

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