Kremlin: regard sur les négociations du lendemain de l’Ukraine

Jeudi 24 février 2022, 00:00

Salle de presse AP

Alors que la reconnaissance de l’indépendance des deux provinces du Donbass qui ont fait sécession de l’Ukraine va à l’encontre de la légitimité internationale, Vladimir Poutine a tenté de l’entourer d’un manteau de rationalité. En d’autres termes, il a reconnu l’indépendance des deux régions alors qu’il estimait que l’Allemagne et la France, garantes des accords de Minsk, ne pouvaient pas contraindre l’Ukraine à les mettre en œuvre, comme le souhaitait Moscou. On ne peut bien sûr pas prétendre que c’était sa principale motivation, mais il peut donner une idée de ses prochains coups.

Même si Joe Biden a affirmé que les actions russes étaient le début de l’invasion, techniquement Moscou continuera de prétendre que tout n’est que des accusations des États-Unis. À Washington, on pourrait dire que la Russie a déplacé près de 100 % de ses troupes vers une position d’invasion ou se prépare à avancer à travers Kharkiv ou d’autres scénarios, mais Vladimir Poutine apparaîtra comme un partisan de la diplomatie. Ce n’est pas un hasard si Moscou a autorisé la Maison Blanche et le secrétaire d’Etat américain Tony Blinken à annuler jeudi une rencontre avec leur homologue suisse pour montrer que les Etats-Unis sont responsables de l’échec des pourparlers.

Bien sûr, cela ne signifie pas qu’une petite ou grande opération militaire dans le Donbass, comme l’opération sous fausse bannière mise en garde par les États-Unis, puisse être exclue. En d’autres termes, il devrait y avoir des provocations de la part de la Russie pour créer une pression pour la mobilisation des troupes russes. C’est, après tout, une possibilité que le Kremlin, en langage diplomatique, a laissée ouverte. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peshkov, a clairement indiqué que la reconnaissance de l’indépendance des deux provinces ukrainiennes vis-à-vis de la Russie se déroule à l’intérieur des frontières qui existaient déjà en Ukraine. C’est un message clair que les ambitions de la Russie s’étendent à des zones qui ne sont pas sous le contrôle des séparatistes russophones, mais contrôlées par les forces ukrainiennes. Après tout, Poutine lui-même a déclaré aux journalistes que la reconnaissance de la Russie signifiait reconnaître les documents de base des deux régions séparatistes, y compris leurs constitutions, qui définissent les frontières des régions de Donetsk et de Louhansk car elles faisaient partie de l’Ukraine. Les Constitutions de Donetsk et de Louhansk ont ​​établi comme frontières toutes leurs frontières administratives, telles qu’elles étaient délimitées à l’intérieur de l’Ukraine.

Ceci est particulièrement important si l’on considère à qui s’adressent les messages envoyés par la Russie. Il est clair que Poutine croit maintenant qu’il est en conflit ouvert avec les États-Unis. Cependant, il juge essentiel de justifier et d’inscrire ses actions dans un cadre de régularité internationale. Autrement dit, il s’adresse à la fois aux pays européens et à la communauté internationale, comme la Chine par exemple. Ses reportages sur le génocide qui, selon Moscou, se déroule dans l’est de l’Ukraine étaient importants pour que les troupes russes interviennent en tant que force de maintien de la paix, à la demande des séparatistes russophones.

Cependant, la réalité est qu’au Kremlin, ils croient que la Russie se développe, avec les développements dans le Donbass. L’incident de l’histoire de Poutine avec le chef du service d’espionnage Sergei Naryshkin lors du Conseil de sécurité russe lundi est typique des discussions qui ont lieu dans le cercle fermé de la prise de décision au Kremlin. Lorsque Narychkine a parlé de l’annexion de Lougansk et de Dodesk et que Poutine l’a honorablement corrigé, il a essentiellement révélé que le Kremlin faisait face à la nouvelle situation en Ukraine.

Moscou, qui occupe en quelque sorte certaines parties de l’Ukraine, attend avec impatience le lendemain des négociations pour le pays et l’Europe de l’Est en général. Le Kremlin essaie de s’imposer sous prétexte qu’il ne peut pas être renversé à la table des négociations. Après tout, c’est ce que les pays de la région craignent plus qu’une vaste invasion russe, que les États-Unis réclament à grands cris.

Victorine Pelletier

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