Les cercueils du Sahel

À partir de Manoli Kapsic

Si je ne me trompe pas, Alexis Tsipras n’a pas voté en faveur de l’accord de défense avec la France, car il dit qu’on enverrait des soldats au Sahel et qu’on regarderait derrière les cercueils des soldats grecs, qui arrivent les uns après les autres de L’Afrique au sud du Sahara viendrait et nous pleurerions. « Aucun soldat grec ne devrait combattre à l’étranger », a crié George Katrougalos, qui a su unir sa voix à celle de son chef, se faisant passer pour le ministre des affaires étrangères de l’ombre. Les Français au Mali touchent à leur fin et les soldats grecs, je pense, rentrent maintenant chez eux, heureusement sans pertes.

Si je ne me trompe pas, Alexis Tsipras votera également contre l’accord de défense avec les États-Unis, car d’une part il donne indéfiniment la base d’Alexandroupolis aux Américains, d’autre part parce que c’est un tremplin pour les opérations américaines dans le Mer Noire et les Russes protestent. Je ne sais pas exactement pourquoi la durée de 5 ans de l’accord semble au chef de SYRIZA quelque chose comme un avenir indéfini et incertain, ni pourquoi il est si préoccupé par les protestations des Russes que si je ne me trompe pas, ils fournissent Erdogan avec des systèmes d’armes, alors que ses Américains ont effectivement imposé un embargo).

Mais au moins nous a-t-il décrit sa vision de la base militaire d’Alexandroupolis, lorsque SYRIZA reviendra au pouvoir. La base sera, comme il nous l’a dit au Parlement, « un pilier européen de la paix ».

Je ne sais pas s’il existe un plan pour que les troupes maltaises ou luxembourgeoises utilisent la base d’Alexandroupolis, mais transformer une base militaire – et même à distance de marche de la frontière gréco-turque – en un « pilier de la paix » est une tâche difficile de Dadia et de la plage de Kokkina Vrachia, mais avec SYRIZA, je suppose que tout est possible.

En attendant, cependant, alors que nous nous efforçons de limiter le débat sur la politique étrangère et de défense au cadre étroit de l’affrontement partisan, tout en faisant du débat sur la nécessaire stratégie nationale un autre prétexte de campagne, la Turquie ajoute une autre revendication au détriment de nos intérêts nationaux. Dans les années 90, ils ont été ajoutés à la longue liste des revendications turques, Imia et les zones grises. La polémique sur la possibilité pour la Grèce de proclamer une ZEE et de suivre le mémorandum turco-libyen. Vient maintenant la démilitarisation des îles de la mer Égée orientale.

Certains disent que la tension est causée par les problèmes auxquels il est confronté dans le pays, l’Erdogan par ailleurs imprévisible. D’autres soulignent le 22e anniversaire et comment son utilisation passée et idéologique aujourd’hui crée en soi un climat d’aggravation. J’ai bien peur que même si ces observations contiennent des éléments de vérité, ce ne sont que des observations individuelles. Ainsi, la vue d’ensemble est perdue.

La vérité est que la Turquie se sent comme une superpuissance régionale, le statu quo actuel la limite et la Grèce occidentale, membre de l’Union européenne, la dérange. Et si c’est le cas, la tension constante demeure et une confrontation houleuse peut être exclue. Après tout, c’est la conséquence logique d’une crise verbale de plus en plus accentuée.

Comment la Grèce peut-elle réagir ? Renforcer en apparence sa dissuasion, renforcer clairement ses alliances, bien sûr en laissant toujours ouverte la fenêtre du dialogue et de la négociation. Sont-ils suffisants ?

Je crains que non, et au lieu de compter les cercueils du Sahel, un débat sérieux s’impose sur la nécessaire stratégie nationale envers la Turquie.

Victorine Pelletier

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